Célébration du 81e anniversaire de la présentation du Manifeste de l’Indépendance qui a transformé la résistance marocaine, d’une volonté de réforme, à une revendication de souveraineté.
L’histoire n’est pas qu’une série de dates figées dans le temps, mais un récit vivant porté par des actes décisifs. Ce 81e anniversaire du Manifeste de l’Indépendance du Maroc, proclamé le 11 janvier 1944, invite à revisiter un épisode marquant de la lutte pour la liberté et la souveraineté nationale.
Ce document audacieux, rédigé dans le contexte troublé de la Seconde guerre mondiale, a non seulement ébranlé les fondements du système colonial, mais a aussi réuni un peuple autour d’une aspiration commune : l’indépendance. Après 81 ans, son écho résonne toujours dans les triomphes diplomatiques du Maroc et son rôle de leader régional.
En 1944, le Maroc, morcelé par le protectorat français au centre, espagnol au nord et au sud, et l’administration internationale à Tanger, paraissait condamné à une domination perpétuelle. Pourtant, dans l’ombre, un mouvement nationaliste stratégique, mené par des figures clés telles que le Sultan Mohammed V et des intellectuels patriotes, élaborait une vision audacieuse : l’indépendance.
Les premières étincelles de cette révolution avaient été allumées bien avant. Dès les années 1930, des soulèvements contre le « décret berbère » de 1930 avaient uni les Marocains contre les politiques coloniales discriminatoires. Les réformes demandées en 1934 et les efforts du Bloc d’action nationale en 1937 avaient ouvert la voie à une organisation plus structurée de la résistance.
La stratégie diplomatique de Mohammed V
La Seconde guerre mondiale fut une opportunité pour redéfinir les ambitions marocaines. La Charte de l’Atlantique, signée en 1941 par les Alliés, proclamait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mohammed V utilisa habilement ce principe pour positionner le Maroc comme un allié stratégique dans la lutte contre le nazisme. Lors de la Conférence d’Anfa en 1943, il s’adressa directement à Roosevelt et à Churchill, affirmant que le combat pour la liberté mondiale devait inclure celui de l’indépendance marocaine. Roosevelt qualifia ces revendications de « raisonnables et légitimes ».
Le Manifeste, rédigé dans le secret le plus absolu, était à la fois un acte politique et un cri de ralliement. Déposé à la fois aux autorités françaises et aux consulats des grandes puissances étrangères, il réclamait l’indépendance totale sous la conduite de Sidi Mohammed Ben Youssef et la mise en place d’un système politique consultatif inspiré des modèles des pays arabes et islamiques.
Sa diffusion fut un événement marquant. Le texte fut lu publiquement dans les mosquées, les souks et les places de villes comme Fès, Marrakech et Tanger. Le peuple, galvanisé, organisa des rassemblements spontanés pour exprimer son soutien.
La réaction des autorités françaises fut rapide et brutale. Dès le 28 janvier 1944, plusieurs leaders nationalistes furent arrêtés ou exilés. Des manifestations massives secouèrent le pays, accentuant la tension entre le protectorat et les populations locales.
La lutte atteignit son paroxysme en 1953, lorsque Mohammed V fut exilé à Madagascar, provoquant une intensification de la résistance populaire. Ce n’est qu’avec le retour du souverain en 1955 que des négociations furent engagées, menant à l’indépendance officielle du Maroc le 2 mars 1956.
Une héritage diplomatique et identitaire
Huit décennies après, l’impact du Manifeste se fait toujours sentir. Sous la direction du roi Mohammed VI, le Maroc a réaffirmé son identité nationale et consolidé son intégrité territoriale. Avec l’ouverture de 29 consulats dans les provinces du sud, le pays poursuit sa lutte pour la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental.
Le chemin parcouru depuis ce matin de janvier 1944, où un simple document déclencha une vague d’espoir et de mobilisation, illustre la détermination d’un peuple et la vision d’un roi. Comme le disait Allal El Fassi : « Tant que le Maroc aura à sa tête un grand roi comme Sidi Mohammed, son objectif restera atteignable. »
Aujourd’hui encore, le Manifeste reste une étoile guide pour les aspirations du Maroc à jouer un rôle majeur sur la scène internationale, en honorant un passé de résistance et en écrivant un avenir de prospérité.
MK/ac/Sf/APA