Le principal défi de l’ANC est de rassembler une majorité parlementaire. Avec seulement 40 % des voix obtenues lors du scrutin de la semaine dernière.
Le Congrès national africain (ANC) se retrouve à un moment crucial après les élections historiques du 29 mai en Afrique du Sud, où il doit désormais s’atteler à former une coalition avec certains de ses ennemis jurés afin de garantir son maintien au pouvoir.
Après avoir échoué à remporter la majorité absolue des voix pour la première fois depuis l’indépendance en 1994, le parti de Nelson Mandela est confronté à un puzzle politique complexe. Son existence et son avenir dépendent désormais du type d’alliance qu’il sera capable de former avec différents acteurs politiques, chacun apportant ses propres idéologies et exigences à la table des négociations.
Le principal défi de l’ANC est de rassembler une majorité parlementaire. Avec seulement 40 % des voix obtenues lors du scrutin de la semaine dernière, le parti doit choisir entre s’associer avec l’Alliance démocratique (DA), de centre-droit et favorable aux affaires, ou avec des factions dissidentes radicales telles que les Combattants pour la liberté économique (EFF) et uMkhonto weSizwe (MK).
« Une alliance avec la DA pourrait être perçue comme une trahison envers les électeurs traditionnels de l’ANC et comme un renforcement des structures économiques héritées de l’apartheid », souligne l’analyste politique Donald Porusingazi.
Les détracteurs de l’ANC, dont Julius Malema, leader de l’EFF, accusent la DA de protéger les intérêts économiques de la minorité blanche d’Afrique du Sud. Cependant, la DA nie fermement ces accusations.
Un autre point de friction dans les négociations de coalition entre l’ANC et la DA devrait être l’engagement de l’ANC en faveur des politiques d’État-providence, qui s’opposent à l’approche de libre marché de la DA.
Selon M. Porusingazi, bien qu’un partenariat avec l’EFF ou le MK puisse rassembler la base traditionnelle de l’ANC, il pourrait également entraîner des tensions politiques, notamment en ce qui concerne l’expropriation des terres et les réformes constitutionnelles.
L’EFF et le MK prônent des politiques économiques similaires, telles que l’expropriation sans compensation des terres appartenant aux Blancs et la nationalisation de secteurs clés de l’économie, tandis que l’ANC privilégie un programme de réforme agraire ordonnée.
Un autre défi potentiel dans les négociations de coalition entre l’ANC et le MK, dont le visage public est l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, sera la demande de ce dernier d’organiser de nouvelles élections en raison d’allégations d’irrégularités dans le scrutin de la semaine dernière.
Les médias ont également rapporté que le parti de M. Zuma a conditionné toute négociation de coalition à l’éviction de M. Ramaphosa de la présidence de l’ANC, une exigence rejetée par le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, le week-end dernier.
Quelle que soit l’issue des négociations sur le gouvernement d’unité, l’ANC a un long chemin à parcourir et devra surmonter ses différences idéologiques avec ses adversaires pour assurer sa survie.
« En fin de compte, les stratèges de l’ANC doivent viser un résultat qui permette au parti de survivre et de se battre un autre jour », conclut M. Porusingazi.
L’issue de ces négociations déterminera l’orientation future de la gouvernance et de la politique en Afrique du Sud.
JN/lb/ac/APA