En dépit des progrès réalisés ces dernières années, l’Afrique demeure le continent le moins électrifié au monde, avec près de la moitié de sa population vivant sans accès à l’électricité.
L’électrification est l’un des secteurs qui enregistre le plus de disparités en Afrique avec des écarts importants entre les nations. Alors que certains pays comme le Maroc et l’Égypte affichent des taux d’électrification de 100%, d’autres peinent à dépasser les 10%. Selon le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), en collaboration avec la Banque mondiale, 18 des 20 pays les moins électrifiés au monde se situent en Afrique.
Malgré un potentiel énergétique considérable, comprenant le pétrole, le gaz, le charbon, l’hydroélectricité et des ressources renouvelables telles que le solaire, l’éolien et la géothermie, plus de 571 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Ce chiffre marque une légère augmentation par rapport aux 566 millions enregistrés en 2010, une tendance inquiétante exacerbée par une croissance démographique rapide surpassant les investissements en infrastructures énergétiques.
Le rapport de l’AIE souligne que 83% des personnes vivant sans électricité dans le monde se trouvent en Afrique subsaharienne. Parmi les 20 pays identifiés comme ayant le plus grand nombre de personnes sans électricité, dix-huit sont situés dans cette région.
Le Nigeria, la République Démocratique du Congo (RDC) et l’Éthiopie, qui figurent parmi les économies et populations les plus importantes du continent, illustrent cette crise énergétique. Le Nigeria, première économie africaine et premier producteur de pétrole, affiche un taux d’électrification de seulement 60%, affectant 86,2 millions de personnes. La RDC, malgré l’énorme potentiel hydroélectrique du fleuve Congo, ne fournit de l’électricité qu’à 21% de sa population, laissant 77,7 millions de ses habitants dans l’obscurité.
L’Éthiopie, en revanche, montre des signes prometteurs avec de grands projets hydrauliques comme le Grand Barrage de la Renaissance, augmentant son taux d’électrification à 55%.
Selon l’AIE, le Soudan du Sud présente le tableau le plus sombre avec un taux d’électrification de seulement 5%, entravé par une instabilité politique chronique et des conflits internes. D’autres nations riches en ressources pétrolières, comme le Tchad (12%) et l’Angola (48%), montrent également des niveaux d’électrification décevants.
Enfin, deux pays non africains, la Birmanie et le Pakistan, figurent aussi parmi les 20 pays les moins électrifiés au monde. Dans ses recommandations, issues du rapport, l’AIE appelle à mettre l’accent sur des investissements majeurs dans les infrastructures énergétiques, en exploitant les vastes ressources renouvelables disponibles.
Cependant, l’agence note que l’énergie solaire, en particulier, représente une opportunité exceptionnelle pour le continent. Avec une irradiation solaire moyenne variant entre 4 et 7 kWh/m2/jour et des réserves estimées à près de 60 millions de térawattheures par an, l’Afrique possède l’un des plus grands potentiels solaires au monde, soutient l’AIE.
MN/ac/APA