S’exprimant lors de la consultation régionale pour la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement en Afrique, lundi, le Secrétaire exécutif de la CEA, Claver Gatete a déclaré que, d’ici 2023, la dette extérieure du continent dépassera 1 000 milliards de dollars, avec des paiements d’intérêts annuels extrêmement élevés, limitant ainsi la capacité du continent à financer son développement.
« Au cours des dernières années, le nombre de personnes appauvries sur le continent a fortement augmenté et devrait atteindre 476 millions cette année, 149 millions d’entre elles, qui n’étaient pas pauvres auparavant, ayant basculé dans la pauvreté, en grande partie à cause de l’impact croissant des catastrophes climatiques », a déclaré M. Gatete.
Selon M. Gatete, le système financier mondial actuel ne parvient malheureusement pas à répondre aux besoins de l’Afrique. Les tensions géopolitiques et les récessions économiques continuent de repousser les limites du continent.
« Pour dire les choses simplement, sans une action immédiate, l’Afrique risque de ne pas atteindre les 17 ODD d’ici 2030 », a-t-il déclaré.
Selon le chef de la CEA, le moment est venu de repenser l’architecture financière de l’Afrique et de la réformer pour qu’elle représente équitablement les besoins des pays en développement et y réponde, et qu’elle favorise la stabilité financière pour permettre le développement du continent.
Il a déclaré que l’Afrique avait besoin d’un système financier qui donne la priorité aux objectifs de développement durable, à l’Agenda 2063 de l’UA et à l’action climatique, et qui tire parti des financements concessionnels et d’une solide mobilisation des ressources nationales pour tracer une nouvelle voie.
À cette fin, le Secrétaire exécutif a proposé les cinq mesures suivantes pour aider l’Afrique à réaliser les objectifs de développement durable.
Une réforme fiscale pour résister
Tout d’abord, elle doit élargir l’assiette fiscale de ses différents pays, renforcer les mécanismes de conformité et adopter les technologies numériques pour garantir une collecte des recettes à la fois efficace et efficiente. En effet, le ratio actuel de l’impôt sur le PIB de l’Afrique, qui s’élève à 15,6 %, est inférieur à celui des autres régions.
Cependant, une augmentation de ce ratio, ne serait-ce que de quelques points de pourcentage, pourrait permettre de débloquer des milliards pour le développement durable.
Deuxièmement, l’utilisation des incitations fiscales doit être ciblée et réexaminée périodiquement. L’Afrique doit s’assurer que les incitations offertes aux entreprises profitent réellement aux communautés, à l’emploi et à nos économies.
Troisièmement, il est essentiel de lutter contre les fuites de recettes en améliorant les contrôles des flux financiers illicites. Les tendances récentes en matière d’actifs numériques et de crypto-actifs créent de nouvelles possibilités d’évasion fiscale. L’Afrique doit renforcer les mesures contre ces pratiques afin de conserver les capitaux nécessaires à son développement.
Quatrièmement, il est essentiel que l’Afrique bénéficie d’un allègement immédiat du service de la dette. La révision du cadre commun du G20 afin d’y inclure des procédures de restructuration accélérées contribuerait grandement à permettre aux pays africains de gérer leur dette de manière durable. En outre, l’extension de l’initiative de suspension du service de la dette (DSSI) offrira un répit aux économies en détresse.
Enfin, la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS) vers les banques multilatérales de développement (BMD) permettrait d’injecter les liquidités dont les économies africaines ont tant besoin, de soutenir leur croissance et de les aider à résister aux chocs extérieurs.
Le ratio dette/PIB de l’Afrique étant l’un des plus élevés au monde et la pauvreté croissante exacerbant cette situation, l’Afrique doit aborder la quatrième conférence sur le financement du développement, qui se tiendra en Espagne l’année prochaine, d’une seule voix et avec un programme clair.
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