Quelque 10 457 personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre illégalement l’Espagne en 2024, selon le dernier rapport de l’ONG Caminando Fronteras, dont près de 7 000 entre la Mauritanie et les Îles Canaries.
Avec 6 829 décès et 110 naufrages recensés en 2024 sur la route migratoire reliant la Mauritanie aux îles Canaries, l’Afrique de l’Ouest s’impose comme l’épicentre d’une tragédie humaine d’une ampleur alarmante. Ce bilan funeste, fourni par l’ONG Caminando Fronteras, met en lumière les drames quotidiens vécus par des milliers de migrants qui, au péril de leur vie, fuient des conditions de vie désespérées.
En 2024, la route migratoire de la Mauritanie vers les Canaries a enregistré 6 829 morts, soit un chiffre sans précédent. Parmi les 110 naufrages recensés, 79 embarcations ont purement et simplement disparu, laissant derrière elles des familles sans réponse ni recours. Selon les données, cette route se distingue aujourd’hui comme la plus meurtrière du continent africain, surpassant d’autres voies traditionnelles comme celles de la Méditerranée centrale ou orientale.
Ces chiffres alarmants sont le reflet d’une crise plus large. En Afrique, plus de 10 000 migrants ont perdu la vie sur les routes maritimes en direction de l’Europe cette année. La Mauritanie, devenue un point de départ privilégié pour les traversées, concentre près de 70 % des départs enregistrés, révélant ainsi son rôle central dans cette tragédie migratoire.
Les migrants, originaires pour la majorité du Sahel et d’Afrique de l’Ouest, fuient une conjonction de facteurs qui les poussent à prendre des risques extrêmes. Les conflits armés, la pauvreté endémique, et les conséquences du changement climatique, tels que la désertification et la raréfaction des ressources, alimentent cet exode massif. Ces dernières années, une augmentation notable des femmes et des enfants parmi les candidats à la migration a été observée, beaucoup d’entre eux voyageant seuls, ce qui les expose à des dangers accrus.
En Mauritanie, la situation se complique encore davantage. Les migrants en transit y subissent des conditions souvent inhumaines, allant de pratiques esclavagistes à des violences structurelles qui alimentent le départ désespéré de nombreuses personnes. Les épreuves ne s’arrêtent pas aux côtes mauritaniennes. En mer, les embarcations de fortune, surchargées et mal équipées, deviennent des pièges mortels face à la puissance des flots de l’océan Atlantique.
Rôle des politiques migratoires restrictives
Les politiques migratoires de plus en plus restrictives de l’Union européenne contribuent à aggraver cette crise. En renforçant les contrôles aux frontières et en externalisant la gestion des flux migratoires vers les pays africains, l’Europe laisse ces derniers assumer la charge de situations de secours souvent mal organisées ou insuffisantes. Les opérations de sauvetage, parfois ralenties par des procédures bureaucratiques ou un manque de volonté politique, peinent à répondre à l’urgence humanitaire.
Des ONG comme Caminando Fronteras tirent la sonnette d’alarme. Elles appellent à une meilleure coordination internationale et à l’établissement de voies migratoires légales et sécurisées pour prévenir ces drames répétés. La mise en place de solutions respectueuses des droits humains demeure une priorité pour réduire les risques encourus par des populations déjà vulnérables.
Alors que les chiffres de 2024 témoignent d’une situation critique, le défi est immense pour l’avenir. Les états africains, souvent sous pression économique et politique, peinent à gérer l’ampleur du phénomène. De leur côté, les pays européens, focalisés sur la protection de leurs frontières, tardent à proposer des solutions globales et inclusives.
MK/ac/Sf/APA