Le soutien à l’autonomie du Maroc sur son Sahara, non seulement aligne diplomatiquement la France, mais ouvre également des portes aux entreprises françaises qui cherchent à se développer dans cette région riche en ressources.
La visite du président Emmanuel Macron a servi de catalyseur à l’augmentation des investissements français au Sahara. Ce déplacement officiel au Maroc a mis en lumière un regain d’intérêt des entreprises françaises pour cette région au potentiel économique stratégique. Cette visite d’État, effectuée en compagnie d’une délégation de plus de 40 chefs d’entreprise influents, illustre un changement notable dans la position de la France vis-à-vis du plan d’autonomie du Sahara proposé par le Maroc, désormais perçu par Paris comme essentiel à la stabilité et au développement régional.
Cette orientation se concrétise après que le président Macron a affirmé la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental lors d’une lettre historique adressée au roi du Maroc en août, à l’occasion de la fête du Trône. Cette initiative stratégique vise à renforcer le rôle de la France comme allié de premier plan du Maroc. Macron soutient le plan d’autonomie marocain de 2007, le qualifiant de « seule base pour une solution équitable, durable et négociée » au conflit.
Une telle reconnaissance marque une rupture avec la position antérieure de la France, qui soutenait le processus de paix mené par l’ONU sans approuver explicitement la souveraineté marocaine. En soutenant l’autorité du Maroc dans la région, la France s’aligne désormais plus étroitement sur Rabat et adhère à un consensus international croissant en faveur de la proposition marocaine. La déclaration de Macron reflète une vision stratégique visant à promouvoir la stabilité régionale, la croissance économique et le développement collaboratif au Sahara.
Cette décision renforce non seulement l’alignement diplomatique avec le Maroc, mais elle ouvre également des opportunités pour les entreprises françaises désireuses de s’implanter dans cette région riche en ressources. Le Sahara est connu pour ses précieuses ressources, notamment de vastes réserves de phosphates exploitées par l’OCP, un leader mondial sous contrôle public marocain. Outre l’exploitation minière, le littoral atlantique de la région possède une industrie halieutique dynamique, attirant des entreprises telles que Chancerelle, acteur français reconnu pour son engagement envers une pêche durable.
L’entrée de Chancerelle sur ce marché illustre l’intérêt des entreprises françaises pour les ressources naturelles de la région. Étienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique, considère le Sahara comme un hub idéal pour les projets d’énergies renouvelables, un secteur où la France et le Maroc investissent massivement. Selon lui, les conditions climatiques sont propices au développement de l’énergie solaire, capable d’alimenter non seulement le Sahara occidental, mais aussi le sud du Maroc. Si les relations franco-marocaines continuent de se renforcer, des investissements significatifs pourraient voir le jour, bénéficiant aux deux pays.
Malgré des perspectives économiques prometteuses, les entreprises françaises opérant dans la région font face à des contestations juridiques de la part du Front Polisario, mouvement indépendantiste du Sahara, qui les accuse de financer une entreprise coloniale. Néanmoins, Giros perçoit ces projets comme un moyen de développer les infrastructures locales, de créer des emplois et de stimuler la croissance économique au profit des communautés locales.
En dehors des énergies renouvelables, la France ambitionne d’accroître ses investissements dans les infrastructures de transport de la région, y compris les infrastructures portuaires et ferroviaires. Via Proparco, la division dédiée au secteur privé de l’Agence française de développement, la France financera une ligne électrique haute tension entre Dakhla et Casablanca, s’inscrivant ainsi dans les objectifs du Maroc en matière d’énergies renouvelables et son ambition d’exporter de l’énergie.
La visite de Macron met en évidence la longue tradition de partenariats économiques entre la France et le Maroc, illustrée par plus de 1 000 entreprises françaises présentes dans le royaume et des investissements substantiels dans des secteurs tels que l’automobile, la finance et l’immobilier. Le soutien stratégique au plan d’autonomie du Maroc annonce non seulement un alignement diplomatique mais également un chemin tracé pour de futures initiatives françaises, notamment dans les secteurs en plein essor du Sahara.
RT/Sf/te/APA