Ce revirement contraste avec le discours ferme prononcé par le président kenyan mardi.
Le mercredi 26 juin, en début d’après-midi, le président kenyan William Ruto s’est adressé à la nation après une série de manifestations violentes déclenchées par l’adoption d’une loi controversée autour des impôts, qui ont coûté la vie à une dizaine de personnes.
Dans son allocution, il a tout d’abord exprimé ses condoléances aux familles endeuillées : « En mon nom propre et au nom de nombreux autres Kenyans, je présente mes condoléances aux familles de ceux qui ont perdu leurs proches de manière très malheureuse. »
Le président Ruto a également annoncé sa décision de ne pas signer le projet de loi de finances 2024, soulignant ainsi l’opposition claire exprimée par le peuple kenyan à ce projet. « Je ne vais pas promulguer le projet de loi de finances 2024, qui sera dès lors retiré », a-t-il affirmé, appelant à une discussion nationale pour trouver des solutions aux défis économiques du pays, y compris la gestion de la dette et du budget. « Il est essentiel pour nous, en tant que nation, de repartir d’ici et de progresser ensemble vers l’avenir. Comment pouvons-nous mieux gérer les affaires de notre pays ? Ensemble. », a-t-il prôné.
Ce revirement contraste avec le discours ferme tenu par le président la veille, où il avait promis de réprimer sévèrement toute violence et anarchie.
Le Kenya était encore mercredi sous le choc de ces violences, qui ont notamment vu des manifestants prendre d’assaut le Parlement, une première dans l’histoire du pays indépendant depuis 1963.
Une figure de la contestation avait appelé à de nouvelles manifestations pacifiques à la mémoire des victimes, alors que les tensions persistaient dans plusieurs villes du pays, après une journée marquée par des heurts, des pillages et des affrontements violents.
Ce mouvement de contestation contre les taxes, baptisé « Occupy Parliament » (« Occuper le Parlement »), a été lancé sur les réseaux sociaux peu après la présentation au Parlement le 13 juin du projet de budget 2024-2025, incluant notamment une TVA de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers.
Suite aux premières manifestations, le gouvernement, arguant du lourd endettement du pays, a annoncé le 18 juin le retrait de la plupart des mesures proposées.
Avant les événements de mardi, cette mobilisation avait déjà entraîné la mort de deux personnes à Nairobi, ainsi que des dizaines de blessés et des centaines d’arrestations.
AC/fs/APA