Les salaires insuffisants et les mauvaises conditions de travail ont entraîné un exode des médecins kényans vers d’autres pays africains.
Des centaines de médecins hospitaliers ont défié l’interdiction des autorités en manifestant mardi dans la capitale kényane Nairobi, marquant ainsi le 28e jour de leur mouvement de grève pour des revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail, selon l’AFP.
Les 57 hôpitaux publics du Kenya, situé en Afrique de l’Est, connaissent un ralentissement de leurs activités depuis près de quatre semaines en raison de ce mouvement initié par le seul syndicat des médecins du pays (KMPDU), auquel s’est joint le syndicat des personnels soignants, à l’exception des infirmiers (KUCO).
Plusieurs centaines de praticiens, revêtus de blouses blanches et de charlottes, ont défilé sous la surveillance policière depuis l’hôpital Kenyatta, le plus important du pays, jusqu’au ministère de la Santé, dont ils ont bloqué les portes, selon l’observation d’un journaliste de l’AFP.
Les manifestants ont brandi des banderoles proclamant « On ne va pas se calmer de sitôt » et ont scandé des slogans tels que « Solidarité pour toujours » et « Nos patients nous manquent ».
« Nous sommes plus que disposés à retourner dans les hôpitaux, mais les efforts déployés par le gouvernement ne suffisent pas à mettre fin aux souffrances des praticiens », a déclaré Dennis Miskellah, secrétaire général adjoint du KMPDU, à l’occasion d’une conférence de presse.
Le président William Ruto, engagé dans une politique visant à réduire les déficits depuis son élection en 2022, a déclaré dimanche à propos de cette mobilisation que le Kenya devait « vivre selon ses moyens », ajoutant : « Nous ne pouvons pas continuer à dépenser l’argent que nous n’avons pas. »
Kithure Kindiki, ministre de l’Intérieur, a annoncé dans un communiqué l’interdiction de cette manifestation, qualifiant la grève de « illégale » et allant à l’encontre d’une décision de justice.
Le tribunal du travail de Nairobi, après avoir ordonné le 13 mars la suspension de la grève et l’ouverture de négociations, a donné 14 jours aux grévistes et au ministère de la Santé pour parvenir à un accord, mais les discussions sont actuellement dans l’impasse.
La semaine dernière, le KMPDU a rejeté une proposition de la Direction du Service Public, la jugeant insuffisante et élaborée sans consultation de son organisation.
Le gouvernement avait proposé de répondre à certaines revendications, telles que le paiement d’arriérés de salaires et le recrutement de médecins internes, mais le KMPDU, comptant 7 000 adhérents, réclame notamment l’application d’un accord précédent signé en 2017 avec le gouvernement pour mettre fin à une grève de 100 jours sur des revendications similaires qui avait paralysé le système de santé publique.
Les salaires insuffisants et les mauvaises conditions de travail ont entraîné un exode des médecins kényans vers d’autres pays africains et au-delà du continent.
AC/APA avec AFP