Les sénateurs kényans se préparent à voter ce jeudi sur la destitution du vice-président Rigathi Gachagua, accusé de corruption et d’abus de pouvoir. Cette procédure inédite fait l’objet de vifs débats dans tout le pays.
L’Assemblée nationale kenyane a déjà validé la motion la semaine dernière, en raison d’un conflit ouvert entre Rigathi Gachagua et le président William Ruto. Selon plusieurs médias locaux, le Sénat pourrait suivre la même voie lors du vote prévu ce soir.
Les accusations portées contre Gachagua, âgé de 59 ans, concernent principalement des détournements de fonds, des trafics d’influence et des acquisitions frauduleuses de biens immobiliers, tels que des hôtels et des appartements. Arrivé au Sénat avant la reprise des débats, il a qualifié ces accusations de « pure propagande » et de « complot politique » visant à le déloger du pouvoir pour des raisons autres que celles invoquées publiquement.
Si la motion est adoptée, elle nécessitera le soutien de deux tiers des sénateurs, soit 45 voix, ce qui entraînera automatiquement la destitution de Gachagua, faisant de lui le premier vice-président écarté sous la Constitution de 2010.
Les tensions entre Gachagua et Ruto ne sont pas nouvelles. Bien que Ruto l’avait choisi comme colistier en 2022, malgré une réputation entachée de scandales de corruption, les relations entre les deux hommes se sont dégradées, notamment après des manifestations antigouvernementales en juin et juillet, qui ont fait plus de 60 morts. Le vice-président est critiqué pour son manque de soutien envers Ruto pendant cette période.
Gachagua estime que cette procédure est orchestrée par le chef de l’État, déclarant qu’il est désormais perçu comme « une cartouche usagée » qu’on cherche à remplacer.
Par ailleurs, plusieurs noms de successeurs potentiels circulent déjà en cas de destitution, dont ceux du ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki, du ministre des Affaires étrangères Musalia Mudavadi, ainsi que de la gouverneure Anne Waiguru. Gachagua, de son côté, continue de clamer l’injustice de cette procédure et envisage de contester son éviction en justice.
Il a récemment affirmé devant un tribunal qu’il se battrait pour la Constitution et la volonté du peuple, assurant que les tribunaux feront respecter la loi.
Sf/APA avec AFP