Une mission internationale sonne l’alarme et appelle à des actions d’envergure pour sauvegarder cette réserve cruciale de biodiversité et d’eau en Afrique de l’Ouest.
Le puissant appel en faveur du Massif du Fouta Djallon résonne comme un cri d’alarme. Cette immense zone montagneuse située au cœur de la Guinée, véritable « château d’eau » alimentant de nombreux cours d’eau d’Afrique de l’Ouest, est menacée par une dégradation environnementale rapide et inquiétante.
C’est le constat alarmant dressé par une mission de haut niveau conduite du 26 mai au 2 juin par le Bureau sous- régional de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture pour l’Afrique de l’Ouest (FAO), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et d’autres partenaires après une visite de terrain.
« Cette situation nous interpelle sur la nécessité impérieuse de préserver la biodiversité et de protéger l’intégralité du massif pour qu’il continue de jouer son rôle de pourvoyeur d’eau des fleuves et rivières de la sous-région », a déclaré, dans un communiqué parvenu ce lundi à APA, le Coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest, Dr Gouantoueu Robert Guei, à la tête de la délégation.
Mais les pressions conjuguées des activités humaines et du changement climatique fragilisent dangereusement ce patrimoine naturel unique. « Nous avons pu constater de visu l’état de dégradation très préoccupant du massif, notamment autour des têtes de source des fleuves Sénégal et Gambie », rapporte le Dr Guei, évoquant une érosion accélérée, la réduction alarmante des espèces animales et végétales, l’envasement des cours d’eau…
Face à ces menaces, un « Appel du Massif du Fouta Djallon » a été lancé le 1er juin à Conakry pour mobiliser tous les acteurs, au niveau national, sous-régional et international. Les autorités guinéennes, à l’instar du Premier ministre Amadou Oury Bah, ont répondu présentes. « Je ne peux que me souscrire à toute dynamique de préservation et de reforestation de ce patrimoine mondial. Il y a urgence à prendre des mesures fortes », a soutenu M. Bah.
Le plaidoyer vise aussi à faire reconnaître le massif comme un « bien public mondial », selon les termes du Coordonnateur de l’ONU pour le Sahel, Abdoulaye Mar Dieye. « Je vais faire une proposition au Secrétaire général des Nations Unies pour l’inscription du Massif comme Patrimoine mondial de l’Unesco », a-t-il annoncé.
Au-delà des discours, l’heure est à la mobilisation générale pour la survie du Massif du Fouta Djallon. Les acteurs appellent à des financements verts innovants et renforcés pour permettre une réponse à la hauteur des enjeux. Des partenariats renforcés avec les organismes de bassin comme l’Autorité du Niger ou l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) sont également indispensables.
L’avenir de millions de personnes dépend de la préservation de cette réserve naturelle unique qui constitue le principal château d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Comme l’a martelé le Dr Guei, « la mobilisation collective et l’engagement de tous les acteurs permettront de relever ce défi crucial pour les générations futures ».
ARD/te/APA