Au moins 275 personnes ont été tuées, d’autres mutilées ou enlevées entre janvier et novembre 2019 avec le regain d’attaques de Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun, a fait savoir Amnesty International mercredi dans un communiqué transmis à APA.
Parmi ces 275 personnes tuées, il y a 225 civils, a précisé l’ONG des droits humains qui affirme avoir mené une « récente enquête pendant deux semaines » dans des localités à Maroua et Mokolo (Extrême-Nord). Sur place, elle a « pu recueillir les témoignages de plus de 30 victimes et témoins de crimes et d’abus commis par Boko Haram ».
À Maroua et Yaoundé, la capitale, des entretiens ont eu lieu avec des responsables humanitaires, universitaires, représentants d’associations, chercheurs et avocats.
« Les personnes que nous avons rencontrées dans l’Extrême-Nord du Cameroun vivent dans la terreur. Beaucoup ont déjà été témoins d’attaques de Boko Haram et ont perdu des proches ou des connaissances. Elles ne se demandent plus s’il y aura de nouvelles attaques mais quand cela arrivera. Elles se sentent complètement abandonnées », a déclaré Samira Daoud, directrice régionale par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
« Vivant dans un total dénuement, ces personnes vont continuer à subir les assauts meurtriers de Boko Haram ou quitter leurs localités si rien n’est fait. Les autorités camerounaises doivent de toute urgence renforcer leur protection dans les zones affectées, et ceci dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire », a-t-elle appelé.
En effet, Amnesty a documenté « des crimes de droit international et une série d’abus des droits humains commis par le groupe armé » entre janvier et novembre 2019, y compris des « pillages et incendies de maisons et de centres de santé, l’homicide d’un non-voyant, et trois femmes amputées d’une oreille ».
L’ONG ajoute que les populations qu’elle a interviewées ont déclaré « se sentir abandonnées par les autorités ».
Pourtant, le 9 janvier dernier, le président Paul Biya annonçait que Boko Haram avait été « repoussé hors de nos frontières » et ne « représentait plus qu’une menace résiduelle ». Mais « les recherches menées par Amnesty International depuis cette date montrent que les attaques de Boko Haram ont connu un regain dans l’Extrême-Nord », a souligné l’ONG.
ODL/te/APA