Comme dans beaucoup de pays africains, les personnes atteintes d’albinisme en Eswatini sont confrontées à des clichés, certains allant même jusqu’à mettre leur vie en danger pour cause de sacrifices.
De la stigmatisation et du manque d’accès aux produits essentiels de la peau aux aides inadéquates des gouvernements ou des entreprises, en passant par la menace omniprésente de devenir les victimes de gangs meurtriers à la recherche d’albinos pour des sacrifices rituels, les albinos d’Eswatini ont souvent le sentiment que le monde conspire contre eux.
Pour Sakhile Dlamini, âgée de 18 ans, étudiante en comptabilité dans un établissement d’enseignement supérieur de la capitale Mbabane, la vie n’a pas été une promenade dans un parc. Elle a toujours eu le sentiment de ne pas être une personne normale et a toujours vécu dans la crainte de devenir victime de ritualistes.
Racontant les péripéties de sa vie et comment elle a grandi avec un sentiment d’inaptitude, Dlamini se souvient parfaitement d’avoir été bombardée de mythes sur son état, notamment qu’elle disparaîtrait sans laisser de traces dans les montagnes à sa mort et que sa famille ne donnerait jamais à son corps une sépulture décente.
« Je n’ai commencé à me sentir à l’aise avec ma condition que lorsque je suis allée au lycée, parce que mes parents m’avaient inscrite dans une école privée où j’avais appris la logique biologique de la couleur de ma peau », explique Dlamini.
Elle a toutefois révélé qu’elle n’a jamais cessé d’être effrayée par des menaces de meurtres rituels à tout moment de l’année.
« A un moment donné, ma famille a voulu m’emmener en Afrique du Sud, mais des nouvelles faisant état d’albinos chassés, enlevés et assassinés ont commencé à faire la Une des journaux », raconte-t-elle.
Pour la grande majorité de la population, l’intégration des albinos dans la société est aussi épuisante et décourageante que tenter d’éradiquer le racisme. La société traite durement les personnes atteintes d’albinisme, en les condamnant souvent à éviter les entreprises humaines ordinaires.
Cependant, tout cela pourrait devenir une vieille histoire dans le Royaume d’Eswatini d’Afrique australe.
Dlamini est l’une des candidates au prochain concours de beauté Miss/M. Albinisme organisé par l’Association des personnes atteintes d’albinisme en Eswatini (SAPA), dans le cadre des efforts visant à éliminer les obstacles qui empêchent l’intégration des albinos dans la société, à travers la sensibilisation à leur situation.
Le président de la SAPA, Philemon Gama a déclaré que le concours proposé, prévu pour le 10 août à Mbabane, serait l’une des initiatives de l’association visant à sensibiliser le public à la situation et à développer l’estime de soi chez les personnes atteintes d’albinisme.
Environ 20 candidats ont été choisis pour le concours. L’objectif principal est non seulement de montrer que les personnes vivant avec l’albinisme sont capables de tout, mais aussi de sensibiliser les gens à leur affection.
Le Conseil national des arts et de la culture d’Eswatini (ENCAC) a estimé que le concours est une occasion pour les personnes atteintes d’albinisme de renforcer leur confiance, de se familiariser avec les droits humains en général et de sensibiliser davantage aux problèmes qui affectent ces personnes.
« L’ENCAC fournira aux candidats tout le soutien dont ils ont besoin, y compris une orientation culturelle, pour s’assurer qu’ils représentent convenablement Eswatini lors de compétitions internationales », a affirmé son Directeur général, Stanley Dlamini.
Les gagnants du concours représenteront le pays au concours régional de l’Afrique australe prévu en octobre au Zimbabwe, selon Stanley Dlamini.
Il a ajouté qu’à cette occasion, les jeunes partageront également leurs expériences avec leurs homologues d’autres pays, tout en apprenant comment résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, et même acquérir les compétences nécessaires pour créer des entreprises génératrices des revenus.
BM/jn/fss/te/APA