Depuis l’entrée du M23 dans la ville de Goma, l’escalade de violences s’est poursuivie jusqu’à Kinshasa en prise à des manifestations, alors que plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer la situation.
Des tirs ont de nouveau résonné mardi dans plusieurs quartiers de Goma, la grande ville de l’Est de la République Démocratique du Congo, prise dans un tourbillon de combats entre les forces armées congolaises et les combattants du M23 soutenus par l’armée rwandaise. La situation s’est intensifiée après l’entrée du M23 dans la ville dimanche soir, au terme d’une progression rapide entamée il y a quelques semaines, à la suite de l’échec d’une médiation sous l’égide de l’Angola.
Bien qu’il soit encore difficile de déterminer précisément quelles parties de Goma sont désormais sous contrôle du M23, des combats acharnés persistent dans plusieurs zones. L’armée sud-africaine a confirmé la mort de quatre soldats supplémentaires, portant à 17 le nombre de soldats de la force régionale SAMIRDC et de la Monusco tués récemment dans les affrontements avec le M23. À Goma, des soldats du M23, reconnaissables à leurs tenues et équipements distinctifs, sont visibles sur les principales artères de la ville.
Manifestations violentes à Kinshasa : des ambassades attaquées
À Kinshasa, des manifestations en colère ont éclaté mardi, avec des manifestants s’attaquant à plusieurs ambassades, notamment celles du Rwanda, accusé par les autorités congolaises de mener une guerre contre la RDC. Les ambassades de la France, de la Belgique et des États-Unis ont également été visées, critiquées pour leur gestion de la crise actuelle. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a condamné fermement ces attaques, les qualifiant d' »inadmissibles« .
Dans ce contexte tendu, le Conseil de sécurité des Nations Unies doit tenir une réunion d’urgence dans l’après-midi. Après une première session dimanche, où le gouvernement congolais a exprimé son mécontentement face à une déclaration jugée trop floue de l’ONU, la pression sur la communauté internationale augmente. Le gouvernement congolais réclame des actions concrètes contre les troupes rwandaises présentes dans la région, estimées à plusieurs milliers par l’ONU.
Pénuries et risques sanitaires à Goma
À Goma, la situation humanitaire se détériore rapidement. Les habitants, piégés par les combats, se retrouvent sans accès à l’eau, à l’électricité et à la nourriture. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a exprimé sa grande inquiétude quant à la pénurie de provisions, prévenant que l’approvisionnement en nourriture pourrait être gravement compromis. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a ajouté que plus de 500 000 personnes ont été déplacées dans la région rien que ce mois-ci.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a également mis en garde contre les risques de propagation de virus, notamment Ebola, à partir d’un laboratoire à Goma.
Face à cette escalade, la présidence sud-africaine a annoncé que Cyril Ramaphosa et Paul Kagame, président rwandais, avaient discuté de l’urgence d’un cessez-le-feu et de la reprise des pourparlers de paix. La RDC et le Rwanda prévoient également une rencontre entre leurs chefs d’État, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, mercredi à Nairobi pour tenter de désamorcer les tensions.
Les combats qui ravagent Goma risquent de déstabiliser davantage la région, déjà fragilisée par des décennies de conflits. Au moins 17 personnes ont été tuées et 367 blessées ces deux derniers jours, selon les bilans des hôpitaux locaux. Le climat reste particulièrement tendu, et l’issue de cette crise demeure incertaine alors que la RDC, le Rwanda et la communauté internationale cherchent une solution pour stopper la violence.
APA/Sf/AFP