Plongée dans une crise sécuritaire depuis 2013, la République centrafricaine (RCA) tente de mettre fin à cette situation en cherchant des partenariats pour améliorer la situation économique.
A la quête d’une stabilité depuis plusieurs années, les autorités centrafricaines essaient d’activer de nouveaux leviers pour lutter contre la fragilité et favoriser le développement durable. Alors qu’un expert onusien a salué en février dernier leurs « efforts » en faveur de la paix et la stabilité, elles souhaitent élargir leurs actions pour, entre autres, développer l’agriculture et les infrastructures et renforcer les capacités institutionnelles du pays.
C’est dans ce sens d’ailleurs que la vice-présidente de la Banque africaine de développement (Bad), chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services, a effectué une visite du 25 au 27 mars dernier en RCA pour renforcer le partenariat entre son institution.
Reçue par le président Faustin-Archange Touadéra et le Premier ministre Félix Moloua, Marie Laure Akin-Olugbade a précisé que les domaines d’intervention visés par la banque panafricaine vont de l’appui au développement agricole et aux infrastructures pour l’inclusion sociale, en passant par l’amélioration du renforcement des capacités institutionnelles et de la gouvernance. L’objectif est de faciliter la sortie du pays de la fragilité et jeter les bases d’une croissance économique robuste et inclusive.
« Je suis fière de dire que les investissements de la Banque ne sont pas seulement financiers, mais qu’ils sont de véritables catalyseurs de progrès et de prospérité dans la vie des populations de la République centrafricaine », a souligné, dans un communiqué reçu jeudi à APA, Mme Akin-Olugbade, rappelant que le portefeuille reflète l’alignement de la Bad sur les stratégies de la RCA, en particulier dans les domaines des infrastructures, de la gouvernance et de l’agriculture.
« Déterminée » à soutenir les Objectifs de développement durable du pays, la Bad a déjà financé le projet de dorsale à fibre optique, qui joue un rôle essentiel dans la propulsion du pays vers un avenir numérique. Elle soutient également le projet de corridor de transport multimodal qui reliera Pointe-Noire, Brazzaville, Bangui et N’Djamena, respectivement les plus grandes villes du Congo, de Centrafrique et du Tchad, pour un désenclavement régional.
Intégration régionale
Une composante de ce projet est l’initiative du corridor fluvial Brazzaville-Bangui, d’une valeur de 280 millions de dollars, qui fournira à la RCA et au Tchad, pays enclavés, un deuxième accès maritime pour stimuler le commerce, favoriser la création d’emplois et élargir l’accès au marché, renforçant ainsi l’intégration régionale pour plus de six millions de personnes à travers l’Afrique centrale.
« Le soutien de la Banque a été déterminant pour faire progresser notre programme de développement national et relever les principaux défis, et nous nous réjouissons de poursuivre notre collaboration pour continuer à stimuler le progrès et la prospérité de notre nation », a noté Le Premier ministre Moloua dont le pays a enregistré un taux de croissance modeste de 1% en 2023. Toutefois, précise la Bad, les projections indiquent que des augmentations potentielles dans des secteurs clés tels que l’agriculture industrielle, la sylviculture et l’extraction de l’or pourraient stimuler la croissance pour atteindre 2,9% en 2025.
S’étendant sur une superficie de 623.000 km2, la République centrafricaine bénéficie d’un capital naturel diversement riche (terres arables, pétrole brut, gaz naturel, diamants, or, etc.) qui profite mal à la population locale estimée à environ 6,1 millions d’habitants en 2023.
Indépendant de la France en 1960, ce pays d’Afrique centrale, parmi les plus pauvres au monde, est en proie à une guerre civile depuis 2013, lorsqu’une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, avait renversé l’ancien président François Bozizé.
Aujourd’hui, des groupes armés règnent sur plusieurs parties du territoire et défient régulièrement le pouvoir central, dirigé depuis 2016 par Faustin Archange Touadéra, 66 ans. Après avoir passé dix jours dans le pays en février dernier, l’expert togolais des Nations unies, Yao Agbetse, a relevé les « efforts déployés » par le gouvernement centrafricain pour étendre la sécurité à d’importantes régions du pays, tout en soulignant les défis qui subsistent au-delà des zones urbaines.
« Malgré les progrès réalisés, l’insécurité persiste au quotidien en raison des groupes armés retranchés dans les régions reculées, en particulier les forêts et les sites miniers », avait notamment constaté l’avocat des droits de l’homme togolais.
ODL/ac/APA