En Afrique subsaharienne, l’incidence de la pauvreté a diminué dans certains pays comme le Bénin, le Kenya ou le Mozambique, tandis qu’elle a explosé dans d’autres touchés par des conflits.
De nouvelles recherches révèlent que 1,1 milliard de personnes vivent dans une situation de pauvreté multidimensionnelle dans le monde, dont 256 millions en Afrique subsaharienne. Selon une étude conjointe publiée jeudi par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Université d’Oxford, près de 500 millions de personnes vivent dans des contextes de conflit, notamment dans des régions africaines comme le Sahel, la province du Kivu en République démocratique du Congo, ou encore le Soudan, où les violences cycliques sévissent depuis plusieurs années.
Le rapport indique que 455 millions de pauvres dans le monde (soit 40 %) vivent dans des pays affectés par la guerre, fragilisés ou instables, selon au moins l’un des trois ensembles de données largement utilisés pour évaluer les conflits. « Nous devons accélérer l’action pour les aider. Nous avons besoin de ressources et d’un accès à des interventions spécialisées en matière de développement et de redressement rapide pour aider à briser le cycle de la pauvreté et de la crise », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD, précisant que l’étude portait sur 112 pays et 6,3 milliards de personnes. Le rapport souligne également que 5,3 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté multidimensionnelle en Afghanistan.
Dans les pays touchés par des conflits, plus d’une personne pauvre sur quatre n’a pas accès à l’électricité, contre un peu plus d’une sur vingt dans des régions plus stables. Des disparités similaires sont observées dans des domaines tels que l’éducation des enfants (17,7 % contre 4,4 %), la nutrition (20,8 % contre 7,2 %) et la mortalité infantile (8 % contre 1,1 %).
L’étude montre que les difficultés sont nettement aggravées — en matière de nutrition, d’accès à l’électricité et d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires — pour les personnes pauvres vivant dans des zones de conflit, par rapport à celles vivant dans des environnements plus pacifiques.
« Plus de la moitié des 1,1 milliard de personnes pauvres vivent avec une personne sous-alimentée dans leur foyer (637 millions). En Asie du Sud, 272 millions de pauvres vivent dans un foyer qui compte au moins une personne sous-alimentée. En Afrique subsaharienne, ce chiffre atteint 256 millions », précise le rapport.
Sur les 17 pays dont les données couvrent la période allant jusqu’en 2021/22, incluant ainsi une partie de la période pandémique liée au COVID-19, seuls neuf (Bénin, Cambodge, Comores, Eswatini, Kenya, Mozambique, Philippines, Tanzanie et Trinité-et-Tobago) ont enregistré une baisse significative de la valeur de l’Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) et de l’incidence de la pauvreté, selon le document.
En raison d’un manque de données, la pauvreté multidimensionnelle, mesurée par l’IPM, est évaluée sur une période de dix ans afin de pouvoir comparer les niveaux et l’évolution de la pauvreté à l’échelle mondiale. Ce nouveau rapport met en corrélation les données sur la pauvreté par pays avec les situations de conflit ou de fragilité, afin de fournir de nouvelles informations sur les interactions entre conflits et pauvreté.
ODL/Sf/ac/APA