Plusieurs grandes entreprises ont annoncé des suppressions massives d’emplois.
À quelques jours des élections générales en Afrique du Sud, la crise économique chronique du pays est devenue un enjeu crucial.
Avec un taux de chômage avoisinant les 33 %, une inflation galopante, une dette insoutenable et des inégalités croissantes, les Sud-Africains attendent des élections du 29 mai qu’elles produisent des dirigeants capables de résoudre les problèmes économiques persistants.
Les indicateurs économiques sont alarmants. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment abaissé ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2024 à 0,9 %, contre 1,8 % prévu en octobre dernier.
La confiance des entreprises est en chute libre, et le ralentissement économique devrait se poursuivre sous l’effet des politiques monétaires restrictives de la Banque centrale, avec un taux directeur de plus de 8 %.
La Première Banque Nationale (FNB) a mis en garde contre une récession technique en 2024 si la Banque de réserve maintenait ses taux élevés.
Les premiers mois de l’année ont été peu encourageants sur le plan économique. La croissance au premier trimestre n’a été que de 0,1 %, entravée par la crise énergétique, les délestages électriques récurrents, et les problèmes portuaires et ferroviaires qui freinent les exportations.
Cette faible croissance a aggravé la crise du chômage, particulièrement chez les jeunes, dont 45,5 % étaient sans emploi au premier trimestre.
Selon les économistes Johannes Matimba Khosa et Nicky Weimar de la Banque Nedbank, le marché du travail restera morose cette année.
Plusieurs grandes entreprises ont annoncé des suppressions massives d’emplois. La Poste sud-africaine (SAPO) prévoit de supprimer près de 5 000 postes après l’échec des négociations sur une aide gouvernementale.
Dans l’industrie, ArcelorMittal prévoit de fermer certaines de ses activités, supprimant jusqu’à 3 500 emplois en raison du contexte économique défavorable.
Le Syndicat national des mineurs (NUM) a également signalé des licenciements massifs dans les sociétés minières, avec environ 10 000 emplois supprimés au premier trimestre 2024.
Face à cette impasse, le gouvernement est paralysé, incapable de proposer des solutions viables, en raison d’une marge budgétaire restreinte par la baisse des recettes fiscales et une dette publique atteignant près de 80 % du PIB.
Le déficit budgétaire consolidé s’élève à 4,9 % du PIB pour l’exercice 2023/24, 4,5 % pour 2024/25 et 3,7 % pour 2025/26.
Ce sombre tableau économique jette une ombre sur les élections du 29 mai, où le Congrès national africain (ANC) pourrait perdre sa majorité parlementaire pour la première fois en 30 ans.
Cependant, ces élections pourraient aussi marquer l’émergence d’un nouveau gouvernement de coalition, prêt à relever le défi de redresser une économie en difficulté et de remettre le pays sur la voie de la prospérité.
AC/APA