Les pays africains font face à un obstacle persistant sur la mobilisation des ressources financières, qui restent très insuffisantes, pour garantir un entretien routier efficace.
« Cette situation nous confronte à des défis pratiques, mais aussi à des enjeux économiques, climatiques, environnementaux », a fait savoir mardi la directrice générale du Fonds d’entretien routier (FER) de la Côte d’Ivoire, Mme Annick Tohé Lasmel.
Annick Tohé Lasmel s’exprimait, en qualité de modératrice, lors d’une communication sur le thème du financement durable de l’entretien routier africain, présentée par Patrice Mezui, directeur général du Fonds autonome national d’entretien routier (FANER) du Gabon.
Le directeur général du FANER a, d’entrée de jeu, relevé les défis du financement durable de l’entretien routier africain, faisant observer que « l’infrastructure routière n’a pas toujours été gérée comme faisant partie de l’économie du marché, mais plutôt comme un service social ».
« Alors que, assurer une gestion durable de la route revient à traiter ce pan comme un service marchand en se basant principalement sur la pleine association des usagers, un financement adéquat et la sécurisation des ressources dédiées à l’entretien du patrimoine routier », a-t-il soutenu.
Ressources traditionnelles
Les ressources destinées à l’entretien routier, dira-t-il, transitent en général par le trésor public et sont souvent « les premières à être distraites ou gagées pendant les périodes difficiles ». Partant, « l’entretien routier a toujours été la première victime ».
Il a fait remarquer que la pénurie des fonds engendrée, occasionne de façon récurrente l’accumulation d’arriérés de paiement des travaux d’entretien. C’est pourquoi, bon nombre de pays se sont lancés dans des réformes de la gestion de l’entretien routier ces deux dernières décennies.
Dans la plupart des réformes opérées, il a été question de mettre des routes sur le marché pour garantir une administration indépendante des ressources. Mais, à ce jour, de nombreux fonds routiers créés atteignent peu ou en intégralité leurs objectifs.
Patrice Mezui a noté que l’insuffisance des fonds et le retard des paiements des subventions par l’Etat, entraînent pour la plupart du temps d’importants arriérés. Et ces carences ont pour principales conséquences l’état de dégradation des réseaux routiers.
Les ressources affectées constituent, en général, plus de 85% des ressources traditionnelles, mais sont soit plafonnées, soit peu disponibles et proviennent de la taxe sur les assurances, taxe à l’essieu ou de la redevance d’occupation temporaire, a-t-il énuméré.
Elles proviennent, en outre, des indemnités versées en réparation des dommages au domaine routier public, des taxes sur les produits pétroliers, des frais d’immatriculation des véhicules, des frais de surcharge ou des subventions de l’Etat qui restent parfois limitées, à 15%, a-t-il poursuivi.
Solutions alternatives
Pour Patrice Mezui, la mission de l’Association des fonds d’entretien routier africains (AFERA), en réunion à Abidjan du 13 au 16 mai 2024, devrait être renforcée face aux défis du financement durable de l’entretien routier sur le continent.
L’AFERA, expliquera-t-il, devrait faire face au défi de financement à travers la capitalisation des expériences acquises, et être un organe de sensibilisation des Etats sur l’importance et la priorité du financement de l’entretien routier.
L’organisation devrait, par ailleurs, coopérer avec les partenaires techniques et financiers pour la mobilisation effective des ressources, et être un organe technique d’appui aux fonds d’entretien routier africains, a-t-il suggéré.
Outre le système de péage, associé au pesage, les fonds d’entretien routier devraient développer des services connexes payants et des commerces intégrés aux sites, ainsi que des services à valeur ajoutée tels que les ristournes occasionnées par l’utilisation des cartes privatives de paiement des usagers, a-t-il ajouté.
Dr Antony, un Zambien, a dans un exposé, soulevé la problématique des véhicules hybrides et électriques, appelant les Fonds d’entretien routier à trouver des sources innovantes de financement des projets routiers quant à l’avenir les taxes sur le pétrole s’amenuiseront.
Cet expert a évoqué le Partenariat public-privé (PPP) pour rendre viables les fonds de la route et l’utilisation des fonds de pension de retraite pour le financement des routes. Toutefois, les pays devront choisir le modèle le plus applicable tout en ayant des systèmes viables et certifiés.
AP/APA