Les Lions du Sénégal et les Aigles de Carthage vont se disputer, ce dimanche à 16 heures GMT au Caire (Egypte), l’une des places en finale de la Coupe d’Afrique des Nations dans une rencontre particulière.
Au-delà du combat entre les 22 acteurs sur la pelouse du stade du 30 juin, les projecteurs seront braqués sur les bancs de touche à partir desquels, les sélectionneurs Aliou Cissé et Alain Giresse s’emploieront à fournir des munitions létales.
Le premier nommé est le successeur du second à la tête de l’équipe nationale du Sénégal. A la Coupe d’Afrique des Nations 2012 co-organisée par le Gabon et la Guinée équatoriale, le Mali de Giresse s’est hissé sur la troisième marche du podium. Quant au Sénégal, cette campagne fut cauchemardesque avec une élimination dès le premier tour après trois défaites (2-1) contre la Zambie, la Guinée équatoriale et la Lybie.
Porté aux nues auparavant, l’entraîneur Amara Traoré n’a pas survécu à cette débâcle. Et pour redresser sa sélection déclinante, le Sénégal s’est attaché, le 8 janvier 2013, les services du technicien français.
L’ancien milieu de terrain offensif des Bleus (47 sélections, 6 buts) construit petit à petit un groupe dans lequel s’intègrent des Olympiques à l’instar de Sadio Mané, Moussa Konaté et Cheikhou Kouyaté brillants aux JO de Londres 2012.
Sous les ordres de l’ex-coéquipier de Michel Platini, le Sénégal se qualifie à la Can 2015 en récoltant 13 points (quatre victoires, un nul et une défaite) durant les éliminatoires dans le groupe G qu’il partageait avec l’Egypte, le Botswana et… la Tunisie.
Mais en phase finale, rien ne se passe comme prévu. Une fois de plus, le Sénégal trépasse prématurément. Pour leur entrée en lice, les Lions avaient pourtant surpris le Ghana (1-2) avec notamment un but sur le gong de l’avant-centre Moussa Sow.
Alain Giresse, lors de la deuxième sortie face à l’Afrique du Sud (1-1), commet une erreur stratégique fatale en opérant cinq changements dans son onze de départ. Avec 4 points au compteur, le Sénégal avait encore son destin en main à condition de ne pas flancher contre l’Algérie lors de l’ultime journée.
Battus par les Fennecs sur le score de deux buts à zéro, les Lions seront finalement éliminés. Les espoirs de tout un peuple s’écroulent comme un château de cartes. La pilule est dure à avaler. Le meilleur buteur de l’Histoire des Girondins de Bordeaux (182 buts) est immédiatement cloué au pilori.
« Le culot que vous avez manqué durant la compétition, est-ce que vous l’aurez aujourd’hui pour démissionner ? », lui demande sèchement un journaliste sénégalais en conférence de presse d’après-match.
Au lendemain de cet échec retentissant, la presse locale passe ses nerfs sur Alain Giresse. Les titres « Un désastre signé Giresse », « Ci-gît…resse », « La rançon du tâtonnement », « Le grand gâchis », « Le fiasco de Giresse » ou encore « La grande humiliation » sont à la Une des journaux.
Le divorce de ce mariage circonstanciel est consommé. « J’ai l’impression que rien (de positif) n’a été fait. L’entraîneur que je suis est un homme à abattre », constate avec impuissance l’ancien sociétaire de l’Olympique de Marseille.
Quatre ans plus tard, Giresse est toujours une tête de Turc pour nombre de Sénégalais. Dès lors, le coach de 66 ans, nommé sélectionneur de la Tunisie en décembre 2018, peut être revanchard. En terre égyptienne, il a déjà redonné des couleurs aux Aigles de Carthage qui retrouvent le dernier carré de la grand-messe du foot continental 15 ans après.
Mais que ce fut laborieux ! La Tunisie, incapable de battre l’Angola, le Mali (1-1) et de se défaire de la Mauritanie (0-0), est passée par un trou de souris pour accéder au second tour.
En huitièmes de finale, la chance a souri aux Aigles de Carthage lors de la séance des tirs au but face au Ghana (1-1, TAB 5-4). Le seul match où la Tunisie a parfaitement maîtrisé son sujet, c’est le quart de finale contre Madagascar corrigé sur le score de trois buts à zéro.
« Les Malgaches étaient à bout de souffle après quatre rencontres. C’est la raison pour laquelle, la Tunisie s’est qualifiée. Le résultat aurait été tout autre si ce match était joué en début de compétition », a assuré Demba Ramata Ndiaye, le Directeur technique du Casa Sports (Ligue 1 sénégalaise).
L’historique des confrontations entre les deux demi-finalistes est à l’avantage de la Tunisie. Dans les matchs amicaux, les Aigles de Carthage mènent cinq à zéro. En éliminatoires de la Can, la Tunisie compte trois victoires là où le Sénégal en a deux. Les deux formations se sont aussi quitté dos à dos à trois reprises. En phase finale de la Can, c’est l’égalité parfaite : un succès des Tunisiens en 2004 (1-0, quart de finale), une victoire des Sénégalais en 2017 (2-0, premier tour) et trois nuls.
Depuis sa nomination en mars 2015, Aliou Cissé a croisé trois fois la Tunisie pour un nul, un revers et une victoire. A la Can 2017, les Lions ont déplumé les Aigles de Carthage (0-2) grâce à des réalisations de Sadio Mané (sur pénalty) et Serigne Modou Kara Mbodj (sur corner).
A la veille de ce duel indécis, les sélectionneurs ont affiché leur ambition en conférence de presse. « Atteindre les demi-finales, c’est génial parce que nous n’avons pas joué ce rôle depuis un certain temps. Nous nous battrons pour gagner », a martelé Giresse.
Pour sa part, Cissé a souligné que « l’équipe tunisienne est spéciale et forte. Mais nous sommes en demi-finales pour la première fois depuis 2006. Cela nous donne une grande motivation pour gagner ».
De l’avis de Demba Ramata Ndiaye, le Sénégal ne doit pas craindre son adversaire. « Cette Can est la nôtre. L’équipe est à son apogée. Si elle joue avec détermination, rien ne peut l’arrêter », a-t-il analysé.
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