Avec la montée fulgurante des contrôles techniques automobiles, l’Etat ivoirien veut réduire le nombre de décès sur les routes, qui est passé de 864 en 2010 à 1.509 en 2021 et 1.600 en 2022.
Dans le cadre de sa stratégie de sécurité routière, le gouvernement a décidé de la libéralisation du secteur du contrôle technique automobile, en 2016, en faisant en sorte qu’il y ait davantage d’opérateurs sur le terrain.
Le ministère des Transports a, dans ce contexte, accordé cinq agréments, mais jusqu’à aujourd’hui, seulement Mayelia Automotive a démarré effectivement ses activités depuis 2020, sur ces nouveaux agréments. Cet opérateur est le second à opérer après SGS SICTA qui existe depuis plus de 40 ans.
Mayelia a inauguré le 15 août 2023 un centre de contrôle technique automobile à Boundiali, dans le nord ivoirien. Selon son PDG, David Fofana, cette station « arrive à se mettre en concurrence avec les stations que nous opérons à Abidjan en termes de chiffre d’affaires ».
« Dans ce marché monopolistique qui était le contrôle technique, nous nous sommes levés et avons décidé de rompre avec tous les codes », a dit David Fofana, dont l’entreprise a commencé ses activités à Abidjan, en 2020, avec une seule station fixe qui traitait près de 20 véhicules par jour.
Aujourd’hui, l’entreprise de ce jeune entrepreneur ivoirien, David Fofana, est passée à cinq stations fixes sur l’ensemble du territoire national et une dizaine de stations mobiles qui se déploient tous les jours selon un programme, en se rapprochant des usagers.
« Ce sont à peu près 8 milliards de Fcfa qui ont été investis sur une période de trois ans, (de 2020 à 2023), pour pouvoir réaliser l’ensemble de ces investissements avec à peu près 20 employés au départ pour 300 employés aujourd’hui en termes d’emplois directs », a-t-il indiqué.
Porté par la vision d’être le partenaire stratégique des Etats africains pour la mise en œuvre de projets structurants, « nous avons entamé un plan d’extension ambitieux soldé par l’ouverture effective de nos opérations sur la Guinée Conakry, bientôt le Bénin et on espère tout juste après le Sénégal », a-t-il annoncé.
« L’exportation du savoir-faire ivoirien, enrichie de nos valeurs, nous ont conduit à repenser le contrôle technique automobile », a-t-il poursuivi, mentionnant que l’intervention humaine se trouve, dans le process, réduite dans la chaîne des services.
Selon David Fofana, l’enregistrement pour le contrôle technique automobile en vue de la délivrance des certificats, passant par les indicateurs de conformité de véhicules, est effectué à travers un parcours pris en charge par un applicatif métier.
Le ministre ivoirien des Transports, Amadou Koné, a salué le « succès » affiché par cette entreprise en trois ans. Deuxième opérateur dans ce secteur, il titille SGS SICTA, une filiale suisse qui opère sur le sol ivoirien depuis plus de 40 ans.
« Nous sommes passés de 475.000 visites techniques, il y a trois ans, à aujourd’hui plus de 700.000 visites techniques l’an, dont 50% à peu près (pour l’entreprise de M. David Fofana, soit) un peu plus de 300.000 visites techniques effectuées » par cette jeune entité, a précisé le ministre des Transports.
Amadou Koné s’est dit « heureux de voir qu’un jeune entrepreneur ivoirien réussit en trois ans à mobiliser un peu moins de 10 milliards Fcfa pour faire des investissements et recruter en emploi direct à peu près 300 personnes, et mieux qui est sollicité aujourd’hui dans les pays de la sous-région ».
Sur un parc automobile estimé à 1,5 million de véhicules en 2017, l’on enregistre 475.000 visites techniques, alors que les véhicules de transport font deux visites techniques par an, soit moins du tiers des véhicules qui circulaient à cette date en Côte d’Ivoire, a fait observer le ministre Amadou Koné.
La libéralisation du secteur évite, aujourd’hui, des queues interminables et parfois des rendez-vous sur plusieurs jours ou semaines avant de pouvoir passer sa visite technique, sur moins d’une dizaine de centres de contrôles techniques automobiles qui existaient sur l’ensemble du territoire.
Le professeur Mariatou Koné, la députée-maire de Boundiali, s’est félicitée de l’ouverture de cette station de contrôle technique automobile dans sa commune. La Région de la Bagoué, dont Boundiali est la « capitale », compte plus de 400 remorques, 200 minicars de transport appelés « Massa » et plus de 1.000 camions.
De 864 décès sur les routes en 2010 à 1.509 en 2021, « on a quasiment doublé le nombre de tués sur nos routes en une dizaine d’années. Si cette trajectoire se maintenait, 10 ans après, on serait quasiment en 2030 à près de 3.000 tués sur les routes », a partagé le ministre Amadou Koné.
David Fofana a, par ailleurs, relevé que son entreprise a « un gros problème de foncier sur un terrain à Grand-Bassam sur lequel il a investi près de 1 milliard de Fcfa dès le début de ses activités et ces installations ont été totalement détruites », occasionnant un énorme déficit en termes de trésorerie.
Son entreprise, bien que jeune, se positionne comme un champion national. Le gouvernement de Côte d’Ivoire s’est engagé, à travers des programmes, à accompagner les entreprises locales afin d’être plus compétitives, et avec la levée de ce litige foncier, lui donnerait plus de coffre pour conquérir la sous-région.
AP/APA