Critiquée, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) du Benin présente un bilan chiffré conséquent et prévoit de s’étendre à l’échelle nationale. Une annonce qui intervient alors que le ministre de la Justice défend le fonctionnement de cette juridiction spécialisée.
« Une juridiction spécialisée comme toutes les autres, organisée de la même manière et appliquant les mêmes textes de loi », c’est ainsi que le ministre béninois de la Justice, Yvon Detchenou, a défini la CRIET lors d’une émission dédiée au bilan du Programme d’action du gouvernement.
La CRIET est chargée de contentieux spécifiques « qui affectent particulièrement certains aspects de la vie économique et de la sécurité du pays », a précisé le Garde des Sceaux, citant notamment « les infractions liées aux crimes organisés, à la piraterie maritime, au terrorisme et à l’éthique publique ».
Les chiffres présentés par le procureur spécial Mario Metonou témoignent d’une activité soutenue : 7 400 procédures traitées entre janvier 2019 et décembre 2024. Dans le détail, la juridiction a géré 2 142 cas de cybercriminalité, 680 procédures pour terrorisme, 157 pour trafic de drogue, 117 pour détournements de deniers publics, 60 pour corruption et 234 pour blanchiment de capitaux.
« Nous avons déjà initié des audiences foraines et nous prévoyons de déployer la CRIET dans d’autres villes comme Porto-Novo, Paubet, Mallanville, Candie et Natchitengour », a annoncé le procureur spécial, soulignant la volonté de « couvrir l’ensemble du territoire national ».
Face aux interrogations sur le fonctionnement de cette cour, le ministre Detchenou a rappelé que « la CRIET n’est pas une entité à part qui opère différemment ». Il a souligné que la nomination des magistrats suit la même procédure que pour les autres juridictions, « après avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature ».
« Nous avons une criminalité qui change, nous avons un nouveau visage de la sécurité et il faut pouvoir adapter l’organisation judiciaire à ce nouveau visage », a expliqué le ministre, ajoutant que la CRIET a pour vocation « d’apporter une réponse adaptée aux défis modernes de la criminalité organisée, du terrorisme et de la cybercriminalité ».
« Nous sommes déterminés à faire en sorte que le Bénin devienne un pays plus sûr pour tous ses citoyens », a assuré le Garde des Sceaux au cours de l’émission « PAG 2021-2026 : REDDITION DE COMPTES » à la télévision nationale, insistant sur la nécessité de réprimer « avec fermeté et transparence » les infractions économiques et terroristes, tout en veillant au « recul de l’impunité ».
AC/Sf/APA