Cette décision porte le capital autorisé de la Banque africaine de développement (Bad) de 201 milliards de dollars à 318 milliards de dollars.
Les gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) ont approuvé vendredi à Nairobi une augmentation sans précédent du capital exigible de l’institution, d’un montant de 117 milliards de dollars (88,1 milliards d’unités de compte). Cette décision historique, prise à l’unanimité, porte le capital autorisé total de la Banque à 318 milliards de dollars et lui permettra de préserver sa capacité de prêt et sa précieuse notation de crédit AAA, essentielle pour mobiliser des financements aux meilleures conditions.
« C’est une démonstration majeure de la foi, de la confiance que nos actionnaires placent en nous, en notre capacité à bien utiliser nos ressources », s’est réjoui le président Akinwumi Adesina lors d’une conférence de presse tenue vendredi à la clôture des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque à Nairobi, ajoutant que « le capital exigible supplémentaire nous permet de maintenir et de tirer parti de notre puissance de feu, tout en préservant notre notation de premier ordre. »
La vice-présidente des Finances, Hassatou Diop N’Sele, a souligné que cette augmentation était devenue cruciale pour répondre aux exigences d’une agence de notation après la dégradation récente de la note de certains des principaux actionnaires AAA de la Banque.
Un besoin de financement massif sur le continent
Cette décision intervient en effet à un moment charnière pour l’Afrique, qui fait face à d’immenses défis de développement malgré un potentiel économique énorme. Selon les dernières estimations, les besoins de financement pour les infrastructures se chiffrent à près de 130 milliards de dollars par an.
Le continent doit également accélérer sa transition énergétique et s’adapter aux impacts dévastateurs du changement climatique, avec des coûts estimés à près de 50 milliards par an. Sans oublier les investissements colossaux nécessaires dans la santé, l’éducation et l’agriculture pour tirer parti du dividende démographique.
Dans ce contexte, le rôle contra-cyclique de la Bad comme moteur de l’investissement en Afrique est plus crucial que jamais. Grâce à cette augmentation de capital, l’institution prévoit de porter ses activités de prêt à 10 milliards de dollars d’ici 2025.
Des actionnaires confiants et solidaires
Face à ces enjeux titanesques, les principaux actionnaires de la Bad ont exprimé un soutien ferme à l’augmentation pour permettre à la Banque d’assumer pleinement son rôle de fer de lance du développement durable en Afrique.
« Le maintien de la notation AAA de la Bad, premier partenaire de développement de l’Afrique, est en effet essentiel pour nous afin de lui permettre de fournir un financement adéquat », a déclaré Hassan Abdalla, gouverneur pour l’Égypte.
L’Allemagne, premier bailleur AAA, « est prête à souscrire sa part dans l’augmentation du capital exigible », a fait savoir Bärbel Kofler, secrétaire d’État parlementaire.
Le Kenya, pays hôte de ces Assemblées, a salué « un signal fort envoyé aux marchés » démontrant que la Banque « est une institution solide, attachée à une note AAA autonome. »
L’Espagne s’est félicitée d’un outil permettant de « relever les défis futurs » tandis que les États-Unis ont loué « une banque financièrement saine et bien gérée » qui « bénéficie d’un très fort soutien des actionnaires. »
Grâce à ce vote de confiance record, qui conforte son modèle de banque mutuelle appartenant à ses pays membres africains et témoigne de l’engagement indéfectible de ses partenaires, la Banque espère ainsi faire perdurer avec force son mandat de catalyseur du développement sur un continent confronté à d’immenses défis économiques et environnementaux.
ARD/ac/APA