Cette rencontre initiée depuis 2012 par le très actif Thank tank marocain The Policy Center for the New South (PCNS) vise à imposer les préoccupations des pays du sud de l’Atlantique, Africains notamment, dans les grands débats sur ce vaste bassin maritime.
De notre envoyé spécial, Diakaridia Siribié
Le célèbre palace La Mamounia de Marrakech, un des joyaux de l’hôtellerie du luxe dans le monde, accueille, du 14 au 16 décembre, la 12e conférence Atlantic Dialogues. Cette grande rencontre annuelle très courue par les politiques, diplomates, haut gradés militaires, experts, universitaires et patrons des finances et de l’économie issus du pourtour atlantique, ou qui s’y intéressent, pour débattre des enjeux liés au grand bassin maritime.
Cette rencontre initiée depuis 2012 par le très influent Thank tank marocain The Policy Center of the New South (PCNS) vise à imposer les préoccupations des pays du sud de l’Atlantique, Africains notamment, dans les grands débats stratégiques sur cette partie du monde, longtemps monopolisée par le duo Washington-Bruxelles , c’est-à-dire les États Unis et les puissances européennes. Un initiative saluée par plusieurs participants.
Parmi eux, l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, l’ex cheffe de la diplomatie espagnole Anna Palacio, l’ancien ministre des affaires étrangères français, Hubert Vedrine, des familiers du conclave, mais aussi Luis Osvaldo Hurtado Larrea, ancien président de l’Equateur (1981-1984).
« Nous sommes fiers d’insérer une vision africaine de l’espace atlantique », se réjoui le président de exécutif du PCNS, Karim El Aynaoui dont la traditionnelle intervention inaugurale a été cette fois-ci légèrement décalée pour laisser place à la présentation de la dixième édition du rapport annuel Atlantic Currents, consacré aux perspectives et schémas d’un « Atlantic élargi ». Un concept forgé et défendu par les chercheurs du PCNS, dont Mohamed Loulichki, longtemps ambassadeur du royaume du Maroc aux Nations-Unies, aujourd’hui un des principaux animateurs du think tank marocain.
L’ex-diplomate qui a piloté cette nouvelle édition du rapport Atlantic Currents a d’ailleurs profité de la présentation de cette publication, désormais une des plus prisées du PCNS, pour longuement expliquer l’intérêt que pourrait tirer les Africains en s’imposant dans le débat sur les enjeux autour de l’espace atlantique.
« Le continent africain occupe une très grande partie du pourtour atlantique. Les Africains ne peuvent pas être tenus à l’écart des discussions et des décisions sur un espace qu’ils partagent avec d’autres régions du monde. Mais il faudrait pour s’imposer comme acteur influent dans cet espace qu’ils renforcent leur propre résilience. Construire la confiance entre eux », plaide l’expérimenté diplomate.
« Un des des grands intérêts de ce genre de rencontre est justement de permettre aux élites africaines de faire entendre aux décideurs du reste du monde leur point de vue sur des sujets qui les impliquent tous. Il permet aussi aux Africains de dégager des consensus sur certains problèmes importants pour le continent. La présence de jeunes à la rencontre prépare aussi les futurs leaders du continent à se familiariser avec les enjeux actuels et ceux du futur. Et c’est très important », se félicite Gilles Yabi, le patron du très actif think tank ouest-africain Wathi, en allusion au programme « Jeunes leaders émergents », un moment phare de la conférence Atlantic Dialogues. Lancé en 2012, mais suspendu durant deux ans en raison de la pandémie du Covid-19, ce programme réunit chaque année à la veille de la conférence, durant trois jours, entre 30 et 50 jeunes professionnels, âgés de 25 à 35 ans, issus de plus de plusieurs pays du pourtour atlantique dont de nombreux africains.
À ce jour, 420 jeunes venant de plus de 70 pays ont bénéficié de ce programme dont l’accès se déroule par sélection.
SD/ac/APA