La 13e édition des Dialogues Atlantiques, tenue à Rabat, a réuni des acteurs politiques, économiques, et académiques autour d’une thématique centrale : « les perspectives et modèles de l’Atlantique élargi. »
Lors de la séance d’ouverture de la 13e édition des Dialogues Atlantiques, Mohammed Loulichki, ambassadeur et expert des relations internationales, a souligné l’importance cruciale de cette rencontre pour explorer les dimensions diverses et interconnectées de cette vaste région. Il a rappelé les opportunités qu’offre l’Atlantique élargi tout en appelant à une réflexion sur les défis qui persistent, notamment ceux liés à l’asymétrie entre le Nord et le Sud.
En parallèle, la publication de la 11e édition d’ « Atlantic Currents », le rapport annuel sur les dynamiques et perspectives de l’Atlantique, a enrichi les débats. Ce rapport met l’accent sur l’urgence de redéfinir les paradigmes de coopération, et plaide pour des solutions inclusives face aux défis climatiques, migratoires et économiques.
Selon Fabio Albergaria Queiroz, chercheur au Collège brésilien de défense, le concept d’“Atlanticité” constitue une clé essentielle pour comprendre les interactions dans cette région. Il définit l’Atlanticité comme une identité partagée qui transcende les différences culturelles et historiques, tout en favorisant un sentiment d’appartenance. Toutefois, pour relever les défis globaux tels que le changement climatique et la migration, il appelle à une approche qui s’attaque aux asymétries entre le Nord, doté de ressources et d’infrastructures avancées, et le Sud, souvent marginalisé. Créer un espace de coopération partagé reste une opportunité manquée que les Dialogues Atlantiques cherchent à combler.
Un autre point crucial abordé lors des discussions a été la faiblesse des institutions africaines face aux pressions économiques et politiques. Mohammed Loulichki a insisté sur la nécessité de renforcer la gouvernance locale pour réduire la dépendance aux interventions étrangères. Cette autonomie accrue pourrait non seulement résoudre des conflits régionaux de manière plus efficace, mais aussi promouvoir un multilatéralisme équilibré et équitable.
Le rapport « Atlantic Currents », met en garde contre l’intensification de la compétition mondiale pour les ressources africaines. Des puissances telles que les États-Unis, la Chine et la Russie exacerbent les tensions régionales tout en compliquant la gestion durable des ressources. Au Ghana, par exemple, les tensions autour du « galamsey » – exploitation minère illégale – mettent en évidence les lacunes des cadres juridiques et la vulnérabilité des systèmes de gouvernance.
Malgré ces défis, les intervenants ont souligné le potentiel inégalé de la région atlantique. Avec une population jeune et dynamique, l’Afrique peut devenir un moteur d’innovation et de croissance mondiale. La coopération interrégionale, les initiatives portées par les jeunes, et l’intégration de solutions technologiques innovantes pourraient transformer les défis actuels en opportunités durables.
Les Dialogues Atlantiques ont également mis en évidence la nécessité de modèles de développement équilibrés, axés sur la conservation de l’environnement et la réduction des inégalités. En cela, l’Atlanticité pourrait devenir un modèle de coopération exemplaire pour relever les défis globaux du XXIe siècle.
MK/te/Sf/APA