Le ministre français de la Justice propose de supprimer l’accord d’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques algériens. Une riposte ciblée après les tensions diplomatiques ?
Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé, le 12 janvier, son intention de mettre fin à l’accord de 2013 qui permet aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de voyager en France sans visa. Cette déclaration, faite sur la chaîne d’information LCI, intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Paris et Alger.
Cet accord, en vigueur depuis une décennie, offre aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens la possibilité de circuler librement sur le territoire français sans contrainte de visa. Selon Gérald Darmanin, « il y en a des milliers » qui bénéficient de ce régime particulier.
Cependant, il affirme que cette mesure de rétorsion serait ciblée et n’affecterait que la nomenklatura algérienne, c’est-à-dire les élites politiques et administratives du pays. Le ministre a tenu à rassurer : « Cette décision ne concernera pas les Algériens ou Français qui entretiennent des relations économiques, sociales ou culturelles avec la France. Ils ne doivent pas payer les pots cassés des dirigeants politiques.«
Cette prise de position fait suite à l’expulsion avortée d’un blogueur algérien, auteur d’une vidéo jugée litigieuse sur TikTok, publiée le 9 janvier. Expulsé vers Alger, l’homme a été refoulé en France le soir même, mettant en lumière une défaillance dans la coordination entre les deux pays. Gérald Darmanin a réagi fermement en évoquant un contexte d’escalade diplomatique : « Cette situation n’est plus tenable et des mesures fortes doivent être prises pour protéger les intérêts de la France. »
La diplomatie algérienne, par la voix de son porte-parole, a condamné cette expulsion, qualifiée « d’arbitraire et abusive« . Le gouvernement algérien rejette également les accusations françaises d’ »escalade » et d’ »humiliation« , estimant que cette affaire illustre un manque de respect envers les accords bilatéraux.
L’initiative de supprimer l’accord de 2013 pourrait marquer une nouvelle étape dans les relations déjà tendues entre la France et l’Algérie. Alors que Paris cherche à envoyer un message fort aux dirigeants algériens, cette mesure risque de cristalliser davantage les tensions. Toutefois, en ciblant uniquement les élites, le gouvernement français semble vouloir éviter une détérioration des liens avec la société civile algérienne et les citoyens ordinaires.
MK/ac/Sf/APA