En seulement huit mois, le régime algérien a expulsé 20 000 migrants dans des conditions inquiétantes. Au total, plus de 31 000 ont été expulsés au Niger en 2024.
Le nombre d’expulsions de migrants irréguliers par l’Algérie en 2024 a atteint un chiffre alarmant, suscitant un tollé international et une condamnation croissante des méthodes employées par le régime. Selon les récentes données publiées par l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara, ce sont pas moins de 31 404 migrants, principalement subsahariens, qui ont été renvoyés vers le Niger cette année, établissant un record tragique.
La politique migratoire algérienne, de plus en plus critiquée, se caractérise par des expulsions brutales, souvent marquées par des violences physiques et psychologiques envers les migrants, notamment des femmes et des enfants. Dans un rapport publié lundi, l’ONG Alarme Phone Sahara dénonce des méthodes « mortelles » et « violentes » utilisées par les autorités algériennes, soulignant que ces expulsions ne font qu’aggraver la situation déjà précaire de milliers de personnes.
Le nombre d’expulsions en 2024 dépasse largement celui des années précédentes. En 2023, 26 031 expulsions avaient été recensées, un chiffre déjà élevé, mais bien inférieur à celui observé cette année. Entre janvier et août 2024, près de 20 000 migrants ont été expulsés, un chiffre inédit en à peine huit mois. Les ONG, ainsi que plusieurs médias, alertent sur les conséquences dramatiques de ces expulsions en masse, évoquant des situations d’abandon et de rejet dans des conditions de plus en plus inhumaines.
Des répressions systématiques et des conditions de vie insoutenables
Les migrants, principalement originaires des pays subsahariens, sont régulièrement la cible de répressions violentes. Selon Moctar Dan Yaye, chargé de communication de l’ONG Alarme Phone Sahara, les autorités algériennes organisent des raids dans les domiciles, les lieux de travail, et aux frontières tunisiennes, dans le but d’arrêter et de déporter ces populations vulnérables. Une fois capturés, les migrants sont souvent regroupés dans le sud algérien avant d’être transportés, dans des conditions inhumaines, vers le Niger, parfois dans des camions insalubres.
Les conditions de vie des migrants après leur expulsion ne sont guère meilleures. Nombreux sont ceux qui se retrouvent dans des zones reculées du Niger, sans abri, sans ressources, et souvent exposés à de graves dangers, notamment des maladies et la faim. Pour l’ONG Alarme Phone Sahara, le pire scénario reste celui d’un drame humanitaire à l’échelle du continent, où des vies pourraient être perdues à cause de l’hostilité et de l’indifférence des autorités algériennes.
Le régime algérien, malgré les appels de la communauté internationale et des organismes humanitaires, semble poursuivre sa politique de déportation sans aucune intention d’y mettre un terme. En avril 2024, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie à Niamey pour exprimer leur mécontentement face à la brutalité des expulsions. Ce fut l’un des nombreux signaux envoyés par les pays voisins et les organisations internationales, dénonçant ces pratiques contraires aux droits de l’homme.
Les Nations Unies, elles aussi, ont pris position contre cette politique migratoire. En juin 2024, elles ont confirmé l’implication du gouvernement algérien dans des expulsions massives, déplaçant plus de 9 000 migrants en quelques semaines vers le Niger et créant ainsi une « situation humanitaire critique » dans les régions concernées.
MK/Sf/ac/APA