Malgré des milliards investis dans le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (EUTF) afin de freiner les migrations irrégulières depuis l’Afrique, l’Europe fait face à une nouvelle vague migratoire, mettant en lumière les failles d’un dispositif censé endiguer la crise.
Le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (EUTF) a été créé en 2015 avec un budget de 5 milliards d’euros. Son but est de stabiliser des régions en Afrique et de s’attaquer aux causes de l’instabilité et des migrations irrégulières. Cependant, le rapport spécial 17/2024 de la Cour des comptes européenne, publié en 2024, met en avant des problèmes dans la mise en œuvre de ce fonds.
À la fin de 2023, environ 4,5 milliards d’euros avaient été utilisés, soit près de 90 % du budget. Ces fonds sont répartis principalement entre le Sahel et le lac Tchad (2,3 milliards d’euros), la Corne de l’Afrique (1,9 milliard) et l’Afrique du Nord (921 millions).
Malgré ces investissements, le rapport souligne que les objectifs du fonds sont trop larges et couvrent des domaines variés, rendant difficile un ciblage efficace des ressources sur les problèmes urgents. Par exemple, des projets financés au Mali, en Éthiopie ou en Libye n’ont pas toujours répondu aux besoins locaux.
Certaines initiatives, comme la création d’une station de radio pour les jeunes dans le Sahel, se sont révélées peu pertinentes. D’autres projets, comme la réhabilitation de sites historiques en Libye, ont également été jugés inadaptés face aux urgences de la crise migratoire.
Le rapport critique aussi le manque d’attention aux droits humains dans les interventions, notamment en Libye. Bien que des mécanismes de suivi aient été mis en place, les violations des droits n’ont pas toujours été bien documentées, ce qui remet en question l’efficacité du fonds pour respecter le principe de « ne pas nuire ».
Par ailleurs, le rapport note un manque de données fiables pour évaluer si les projets ont vraiment traité les causes profondes des migrations irrégulières. La méthode de suivi actuelle manque de précision, ce qui fausse les résultats rapportés.
Actuellement, l’Europe est confrontée à une nouvelle vague d’arrivée de migrants en provenance d’Afrique. Les Iles Canaries ont enregistré plus de 20 mille arrivées depuis le début de l’année. Pourtant l’Union européenne a mis en place des mécanismes pour faire face à cette crise.
En conclusion, bien que l’EUTF ait réalisé des progrès, il est essentiel d’améliorer le ciblage des projets, de renforcer la surveillance des droits humains et d’assurer un meilleur alignement avec les priorités locales pour les futures actions, notamment dans le cadre du nouvel instrument de voisinage et de coopération.
AC/Sf/APA