L’Afrique du Sud est-elle en passe de devenir une plaque tournante pour les trafiquants d’êtres humains et les organisations criminelles? Plusieurs affaires médiatisées semblent l’indiquer.
Le démantèlement récent d’un réseau de trafic d’êtres humains à Johannesburg a mis en lumière le problème croissant de la criminalité organisée et de l’exploitation en Afrique du Sud.
Ce week-end, la Special Task Force (STF) des services de police sud-africains (SAPS) a secouru 90 personnes sans papiers, dont une victime d’enlèvement, soulignant ainsi la réalité inquiétante que le pays devient une plaque tournante pour les trafiquants d’êtres humains et les organisations criminelles.
L’incident s’est produit dans le quartier de Sunnydale Ridge à Johannesburg, où les victimes, principalement des ressortissants éthiopiens, étaient maintenues dans des conditions inhumaines, confinées et entassées dans des pièces.
Le brigadier Athlenda Mathe, porte-parole de la police nationale, a déclaré que la découverte avait été faite alors que les forces de l’ordre recherchaient une personne enlevée au début de la semaine dernière.
« Une équipe multidisciplinaire dirigée par le STF recherchait la victime d’un enlèvement avec demande de rançon lorsqu’elle a découvert ces ressortissants sans papiers, retrouvés enfermés et entassés dans des pièces », a expliqué Athlenda Mathe.
Elle a ajouté que la SAPS enquêtait sur les modalités de l’entrée de ces ressortissants étrangers en Afrique du Sud.
Cette découverte sinistre fait suite à plusieurs autres affaires très médiatisées qui ont secoué le pays ces dernières années.
L’année dernière, la police a démantelé un autre réseau de trafic d’êtres humains impliquant des ressortissants du Bangladesh. Dix-neuf ressortissants bangladais, soupçonnés d’avoir été victimes de traite, ont été sauvés lors d’une descente dans une maison de la province de Mpumalanga.
En 2022, les autorités sud-africaines ont mis au jour un autre réseau de traite des êtres humains, sauvant 14 ressortissants malawites retenus captifs.
Au début de cette année, un groupe de 16 ressortissants étrangers, dont des enfants, a été sauvé d’une maison à Johannesburg où ils étaient détenus contre leur gré.
Ces incidents dressent un tableau inquiétant de la vulnérabilité croissante de l’Afrique du Sud face à la traite des êtres humains et à la criminalité organisée.
Les experts attribuent cette tendance à une combinaison de facteurs, dont la porosité des frontières, le manque de ressources pour l’application de la loi, et le statut de puissance économique régionale du pays, qui en fait une cible attrayante pour les organisations criminelles.
Le Global Organised Crime Index (GOCI) de 2022 a classé l’Afrique du Sud parmi les 20 pays ayant les taux de criminalité les plus élevés au monde. Le rapport place le pays au 19e rang mondial en matière de criminalité organisée, notamment pour la traite des êtres humains, le trafic de drogue et d’armes.
Il précise que les trafiquants recrutent des personnes d’autres pays pour les amener en Afrique du Sud, où elles sont ensuite contraintes à la servitude domestique, au trafic sexuel et à d’autres formes de travail forcé.
Le rapport attribue ce phénomène à la corruption aux frontières sud-africaines, où l’argent prévaut sur les contrôles des passeports. Le pays est décrit comme une destination et un point de transit pour les drogues arrivant par voie maritime, aérienne ou terrestre, contrôlées par des groupes criminels organisés.
Une autre activité criminelle évoquée dans le rapport concerne la circulation importante d’armes en Afrique du Sud, souvent utilisées par des criminels pour intimider, blesser ou tuer des personnes.
JN/fss/ac/Sf/APA