Ayant perdu les législatives, l’ANC a dû céder 12 des 32 ministères à l’opposition. Le parti de l’ex-président Jacob Zuma, a refusé d’entrer dans ce nouveau gouvernement d’union nationale.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé dimanche soir la composition du nouveau gouvernement. L’opposition a obtenu, à l’issue d’âpres négociations, douze ministères au sein d’une coalition à laquelle l’ANC a dû se résoudre après un revers cinglant aux législatives.
Sur 32 ministères, le Congrès national africain (ANC), qui a régné sur le pays depuis la fin de l’apartheid mais a perdu sa majorité absolue au Parlement pour la première fois à l’issue des élections de fin mai, conserve la part belle avec vingt postes dont les Finances, l’Énergie, les Affaires étrangères, la Police et la Justice.
Le chef du premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), qui prône une libéralisation de l’économie, John Steenhuisen, 48 ans, est entré au gouvernement comme ministre de l’Agriculture. Son parti détient six portefeuilles dont l’Environnement, les Affaires intérieures et les Travaux publics. La DA prend également l’Éducation et les Communications.
« La mise en place d’un gouvernement d’union nationale sous sa forme actuelle est sans précédent dans l’histoire de notre démocratie », a déclaré M. Ramaphosa lors d’une déclaration télévisée. À 71 ans, le chef d’État a été investi la semaine dernière pour un deuxième mandat de cinq ans.
La priorité de ce nouveau gouvernement sera de rendre « une croissance économique rapide » à la première puissance industrielle africaine et « la création d’une société plus juste en s’attaquant à la pauvreté, aux inégalités et au chômage », a souligné M. Ramaphosa. Ce gouvernement a été composé pour que « tous les partis soient en mesure de participer de manière significative à l’exécutif », a-t-il poursuivi.
L’Afrique du Sud n’a été dirigée par un gouvernement de coalition qu’une seule fois auparavant, lors des circonstances exceptionnelles de la transition démocratique après la fin du régime d’apartheid, avec Nelson Mandela président et Frederik de Klerk vice-président.
« Alliance gouvernementale »
La formation inédite du nouveau gouvernement est le résultat de la cuisante débâcle de l’ANC aux élections législatives du 29 mai. Sanctionné dans les urnes dans un contexte économique en berne, un chômage endémique et une pauvreté grandissante, le parti historique n’a remporté que 40 % des voix à l’issue du scrutin, ne conservant plus que 159 sièges de députés sur 400. La DA a remporté 87 sièges (21,8 %).
Le petit parti de l’ex-président Jacob Zuma, créé seulement quelques mois avant le scrutin, a fait une percée en gagnant 58 sièges, devenant ainsi la troisième force politique du pays. Le parti du sulfureux leader de 82 ans, déclaré inéligible et encore jugé pour corruption, a cependant refusé d’entrer dans une coalition menée par l’ANC et ne détient aucun ministère.
Tout comme les Combattants pour la liberté économique (EFF, 39 députés), qui ont juré d’« écraser » l’alliance gouvernementale « dirigée par des blancs », en référence à la DA qui peine à se départir de sa réputation de parti au service de la minorité blanche.
Ces dernières semaines, d’intenses négociations ont eu lieu entre l’ANC et la DA. Au début du mois, après une réunion au sommet des cadres de l’ANC, M. Ramaphosa avait appelé l’ancien président à un « gouvernement d’union nationale » et indiqué que des négociations étaient en cours avec les dirigeants des autres partis.
Mais depuis cette annonce, les discussions ont bloqué autour du nombre et de la nature des ministères qui seraient concédés à l’opposition, qui en réclamait une dizaine, selon les informations qui avaient fuité dans la presse locale.
L’ANC avait fustigé des « demandes farfelues et scandaleuses de postes ministériels » et accusé sans la nommer la DA de communiquer des informations à la presse pour parvenir à ses fins.
Au total, les partis ont signé un accord pour la formation d’un gouvernement de coalition. Cyril Ramaphosa doit présenter les orientations de son nouveau gouvernement à l’ouverture du Parlement le 18 juillet.
Sf/APA avec AFP