Par Hicham Alaoui — Les échanges commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ont été lancés ce vendredi lors d’une cérémonie virtuelle initiée par le secrétariat de la Zone continentale, basée à Accra au Ghana.
Il s’agit d’une étape importante dans l’intégration économiques au sein d’un espace commercial potentiel avec 1,2 milliard de consommateurs qui attendront les 2,5 milliards en 2050.
Ce lancement officiel des échanges commerciaux sous ZLECAF a été décidé en décembre dernier par les chefs d’Etat et de gouvernement des 54 pays membres de l’Union africaine, à l’occasion du Sommet extraordinaire tenue par visioconférence sur la Zone Continentale.
La Zone de libre-échange continentale pour l’Afrique (ZLECAF) est l’« un des projets les plus emblématiques de l’agenda africain », selon les termes du président du Niger, M. Issoufou Mahamadou, prononcés lors de la phase opérationnelle de ce projet à Niamey en juillet 2019.
La ZLECAF est entrée en vigueur le 30 mai 2019 avec comme objectif de constituer un marché unique pour les biens et services au niveau du continent, basé sur la libre-circulation des activités et des investissements.
Tant attendu, cet espace constitue un marché de 1,2 milliard de personnes et créera un marché de près de 3.000 milliards de dollars, sans aucun droit de douane ni restriction à la frontière, selon les données fournies pas ses concepteurs.
Actuellement, le commerce intra-africain représente actuellement environ 16% du commerce total du continent, soit 2% du commerce mondial, alors que les flux commerciaux intra-européens sont à hauteur de 67%.
La ZLECAF est une zone géographique continentale dans laquelle les biens et les services circulent sans restriction entre les Etats membres de l’UA. Elle vise à stimuler le commerce intra-africain en offrant un Accord commercial global et mutuellement bénéfique entre les Etats membres, couvrant le commerce des biens et des services, les investissements, les droits de propriété intellectuelle et la politique en matière de concurrence.
La ZLECAF, nouveau cycle économique africain
La Zone supprimera progressivement les droits de douane et fera baisser les barrières non tarifaires. Elle aidera à améliorer les infrastructures de qualité déplorable et les postes frontaliers inefficaces et facilitera aussi la circulation des marchandises, des ressources humaines ainsi que des fonds au sein de la région, et stimulera la croissance commerciale en reliant les économies fragmentées du continent dans un marché intégré de plus d’un milliard de clients potentiels.
Il est à signaler que la Zone de libre-échange continentale est l’un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’UA qui constitue un cadre commun pour une croissance inclusive et un développement durable pour l’Afrique à réaliser au cours des cinquante prochaines années.
Indubitablement, la création de la ZLECAF permettra la libéralisation des échanges économiques inter-états et d’augmenter le niveau de commerce intra-africain de près de 25% à moins terme pour atteindre 52 %, à long terme. Tout sachant qu’aujourd’hui, seulement 16 % du commerce des pays africains s’effectue avec d’autres pays du continent et que ce dernier ne représente que 2% du commerce mondial.
Certes, la ZLECAF aura des effets bénéfiques très importants pour les pays africains et permettra à ce titre de générer une croissance plus grande en termes de PIB des différents pays et impactera les Investissements Directs Etrangers (IDE) interafricains et entre l’Afrique et les autres continents.
Compte tenu des tendances socioéconomiques à long terme, la Zone de libre-échange continentale africaine permettra aussi à l’Afrique de tirer parti du dynamisme de son marché qui vit sous le rythme d’une croissance économique rapide dans plusieurs pays.
Selon les estimations, la production manufacturière de l’Afrique pourrait presque doubler, passant de 500 milliards de dollars en 2016 à 930 milliards en 2025.
Les trois quarts de ce montant pourraient provenir de la satisfaction de la demande intérieure, principalement en denrées alimentaires, boissons et autres produits transformés similaires.
De plus, à l’heure de la mondialisation et face à la menace de possibles « guerres commerciales », une telle approche pourrait contribuer à atténuer certaines des incertitudes liées à la conjoncture mondiale. Cette stratégie de diversification pourrait s’avérer particulièrement importante pour l’Afrique, où les exportations reposent dans une large proportion sur les produits de base, rendant le continent vulnérable à l’effondrement des cours de ces produits.
Défis et perspectives de la ZLECAF
Force est de constater que l’Afrique est fortement tributaire de préférences unilatérales sur les principaux marchés d’exportation. Les communautés économiques régionales (CER) africaines ont progressé à un rythme inégal sur la voie de l’intégration et de la consolidation régionales et la Zone de libre-échange continentale africaine est l’occasion de réduire les droits de douane et les coûts du commerce entre ces communautés.
Les pays du continent pourraient alors tirer profit de leur intégration régionale en réalisant des économies d’échelle plus importantes, et en exploitant les complémentarités commerciales qui existent entre de grandes économies et sous-régions dont les échanges se font, à l’heure actuelle, principalement sur la base du traitement de la nation la plus favorisée.
HA/APA