Les abus en temps de guerre sont monnaie courante et témoignent d’un manque de responsabilité dans la région d’Afrique centrale, en proie à plusieurs conflits, selon le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch.
Dans son nouveau Rapport mondial 2025, Human Rights Watch (HRW) dresse un constat alarmant de la situation des droits humains en Afrique centrale.
L’organisation internationale, qui a examiné les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays à travers son rapport de 546 pages, met en lumière une détérioration significative des libertés fondamentales dans la région au cours de l’année 2024.
« Les gouvernements de toute l’Afrique centrale ont réprimé les droits et libertés fondamentaux, notamment lors des élections et des référendums, ce qui suscite des inquiétudes quant aux efforts des gouvernements pour monopoliser le pouvoir », affirme Lewis Mudge, directeur de la division Afrique centrale à Human Rights Watch.
Cette répression systématique s’est particulièrement manifestée dans le contexte électoral. Au Rwanda et en République centrafricaine, les autorités ont orchestré ce que HRW qualifie de « poursuites politiques » pour museler toute voix dissidente.
La situation est particulièrement préoccupante au Tchad et au Rwanda, où les élections générales se sont déroulées dans un climat que l’organisation décrit comme « ni libre ni équitable. »
Au Burundi, à l’approche des élections de 2025, « les autorités ont restreint l’espace politique de l’opposition », compromettant déjà la possibilité d’un scrutin équitable.
Les zones de conflit ont payé un tribut particulièrement lourd. En République démocratique du Congo, les affrontements dans la province du Nord-Kivu ont provoqué le déplacement massif de « 2,5 millions de personnes ».
La situation humanitaire s’est également aggravée au Tchad, où « plus de 700 000 personnes ont fui vers le pays pour échapper au conflit armé au Soudan. » Dans ces régions, les actions des belligérants ont systématiquement entravé l’acheminement de l’aide humanitaire, aggravant la situation des populations civiles.
En matière de justice, le bilan de l’année 2024 reste mitigé. Quelques avancées notables ont été enregistrées, notamment au Rwanda, où un procès historique a abouti à la condamnation de responsables pénitentiaires pour des actes de torture à la prison de Rubavu.
Cependant, de nombreuses violations demeurent impunies, comme au Tchad où les forces de sécurité « ont tué au moins 11 personnes lors d’une fusillade post-électorale en mai. »
Cette situation régionale s’inscrit dans un contexte mondial préoccupant, comme le souligne Tirana Hassan, directrice exécutive de HRW, dans son essai introductif. Elle y décrit un monde où « les gouvernements ont réprimé, arrêté et emprisonné à tort des opposants politiques, des militants et des journalistes », tandis que les groupes armés et les forces gouvernementales ont multiplié les exactions contre les populations civiles.
Face à cette situation, Human Rights Watch appelle les gouvernements d’Afrique centrale à honorer leurs engagements internationaux et à prendre des mesures concrètes pour protéger les libertés fondamentales, particulièrement en période électorale.
L’organisation insiste également sur la nécessité de renforcer la protection des civils dans les zones de conflit et de poursuivre les responsables d’exactions, indépendamment de leur position hiérarchique.
ARD/ac/Sf/APA