Le Forum sur l’amélioration des apprentissages au primaire en Afrique, organisé par la Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la Francophonie (Confemen) en partenariat avec la Fondation Gates, s’est ouvert mardi à Dakar, soulignant l’objectif de renforcer la qualité des systèmes éducatifs.
Décideurs, experts et partenaires éducatifs sont réunis depuis mardi matin, dans la capitale sénégalaise, pour trois jours, en vue de réfléchir sur les solutions pouvant ramener la qualité à l’école élémentaire.
Le constat est en effet alarmant : l’éducation au primaire se porte mal en Afrique francophone. Moins de la moitié des élèves atteignent le niveau minimum de compétences et encore moins en mathématiques, selon une étude du Programme d’analyses des systèmes éducatifs de la Confemen (PASEC).
Le secrétaire général de la Confemen, le Pr Abdel Rahamane Baba-Moussa, a commencé par souligner l’importance des initiatives prises en 2024, notamment lors de la conférence de Nouakchott de décembre.
« Le tableau semble assombri, mais il y a des pistes qui donnent de l’espoir, comme l’introduction du bilinguisme à l’élémentaire au Sénégal », a-t-il déclaré, rappelant les discussions organisées à Cotonou et Dakar pour mobiliser les décideurs autour du financement de l’éducation.
Si « seulement 11 % des enfants maîtrisent la lecture » en troisième, d’après une étude sur 18 pays africains (2017-2022), il souligne que la présente rencontre est le cadre idéal pour proposer des solutions à ce mal.
« Ce forum se veut participatif pour créer une dynamique de partage en vue de relever la qualité des apprentissages », a-t-il précisé.
La ministre de l’Education et de l’Alphabétisation de Côte d’Ivoire, Pr Mariétou Koné, présidente en exercice de la Confemen, a mis en avant la pertinence de cette rencontre.
« La question de l’éducation est au cœur des préoccupations mondiales. L’année 2024 a été déclarée année de l’éducation en Afrique par l’Union africaine », a-t-elle rappelé.
Malgré les efforts déployés, les résultats restent insuffisants.
« Trop d’enfants quittent l’école. Nous devons poser un regard lucide sur les difficultés auxquelles nos systèmes éducatifs sont confrontés », a-t-elle affirmé, invitant les parties prenantes à formuler des recommandations claires pour améliorer les solutions d’apprentissage.
« Nos enfants méritent le meilleur. Travaillons ensemble pour établir des connexions solides et offrir à nos enfants une éducation de qualité », a noté Mme Koné.
Lors de son intervention, Manos Antoninis, paneliste et représentant de l’UNESCO, a dressé un constat préoccupant.
« Le niveau scolaire est très bas. Un enfant sur cinq ne termine même pas l’école en Afrique », a-t-il regretté, avant de plaider pour la mise en place de normes claires pour des évaluations et un suivi rigoureux des progrès.
Il a dénoncé également l’opacité de certains systèmes éducatifs, notant que « les donateurs ont dépensé plus de 15 millions de dollars, mais les pays ne communiquent pas les informations nécessaires ». M. Antoninis a exhorté ainsi à un meilleur plaidoyer pour des médias d’information capables de sensibiliser les populations.
Par ailleurs, il a révélé que « 36 % des enseignants du primaire ne sont même pas formés selon les normes nationales, et seulement 16 % des enfants reçoivent un enseignement dans une langue parlée à la maison ». Pour lui, les solutions pour une meilleure qualité de l’apprentissage sur le continent doivent passer systématiquement par les « langues nationales ». Mais la réussite scolaire ne pourra pas être atteinte aussi lorsqu’« un enfant sur trois va à l’école en Afrique le ventre vide », a-t-il prévenu.
Venu représenter son collègue de l’Education, le ministre sénégalais de la Fonction publique, Olivier Boucal, a salué l’initiative de ce forum, estimant qu’il constitue « une réponse aux défis pédagogiques ». Il a rappelé que « le Sénégal s’inscrit pleinement dans la dynamique des pays membres pour renforcer l’éducation », conformément aux orientations du président Bassirou Diomaye Faye, qui a placé ce secteur au cœur des priorités nationales.
ODL/ac/Sf/APA