Le Sénégal dispose d’un Programme décennal de gestion des inondations (2012-2022) doté d’un budget de plus de 766 milliards F cfa.
Chaque année, les Sénégalais vivent le calvaire des inondations dans des villes comme Thiès, Touba, Kaolack, Saint-Louis, Matam, mais surtout Dakar où vivent près de 25% des 17 millions d’habitants.
Ainsi, selon les derniers résultats d’une enquête d’opinion menée par Afrobaromètre, plus de 90% des Sénégalais s’accordent à constater que la gestion des inondations de 2022 n’a pas épargné les populations du spectre des années précédentes.
Par exemple, le bilan humain des précipitations de septembre 2020 était très lourd. Dans 11 régions sur les 14, soit 25 départements étaient sévèrement touchées. Sur quelque 16.798 personnes sinistrées, sept étaient décédées et 365 familles sont déplacées (Rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) 2020).
Nombreux sont les Sénégalais qui dénoncent les mesures circonstancielles même s’ils reconnaissent l’efficience du Plan d’organisation des secours (ORSEC) comme principal mécanisme de coordination et de gestion des catastrophes et des urgences au Sénégal. Cette année, il a d’ailleurs été déclenché au lendemain des fortes pluies du 2 septembre qui a fait six morts.
Au-delà des dégâts humains et matériels, tant aux infrastructures qu’aux équipements, les établissements scolaires servent de sites de recasement temporaire pour les populations sinistrées. Autant de désagréments qui importunent plus la banlieue dakaroise.
Sur 10 Sénégalais interrogés, 8 estiment que l’Etat devrait prendre des mesures structurelles pour réduire les impacts négatifs des inondations. Des mesures qui mettent l’accent sur la gestion des fonds alloués aux projets établis pour lutter contre les inondations. Ils remettent d’ailleurs en cause l’utilisation judicieuse des 766 milliards FCFA annoncés par l’Etat pour le plan décennal 2012-2022.
Et pourtant, le Projet de gestion intégrée des inondations au Sénégal (Pgiis 2018-2023) promet chaque année une meilleure stratégie de gestion des eaux pluviales. Cette stratégie vise à trouver une réponse structurelle à la gouvernance des inondations, à mieux appréhender la connaissance du risque, à obtenir des données prévisionnelles plus fiables et à renforcer la résilience des populations.
Certaines autorités du pays pointent du doigt les changements climatiques à l’échelle mondiale pour expliquer que la situation du Sénégal n’est pas un cas isolé.
Mais selon l’enquête d’Afrobaromètre, beaucoup de spécialistes reconnaissent la mauvaise politique prévisionnelle face aux fortes précipitations. Ils soulignent qu’avec un nouvel réaménagement territorial tenant compte des zones non aedificandi, les dégâts peuvent être limités.
Lors du Conseil des ministres du 12 octobre 2022, le Chef de l’Etat a évoqué la prévention et la gestion des inondations avec l’urgence de faire le point, d’une part, sur les actions déployées à Dakar et dans les autres régions et d’autre part, sur l’élaboration du nouveau programme décennal (2023-2033).
Ce qui fait espérer une faible proportion de Sénégalais une résolution définitive des inondations dans les années à venir.
Au regard de la récurrence des phénomènes naturels liés au changement climatique, la majorité des Sénégalais souhaitent que le gouvernement déroule efficacement et à court terme un programme relatif à l’extension du réseau de drainage des eaux pluviales et la réduction de la vulnérabilité des zones à haut risque d’inondations.
TE/APA