Les autorités sud-africaines chargées de l’application de la loi se sont inquiétées du fait que « la criminalité transnationale organisée se propage extrêmement rapidement » entre le pays et le Mozambique voisin, à la suite de révélations selon lesquelles les auteurs présumés ont soudoyé des fonctionnaires corrompus de Pretoria pour avoir les coudées franches.
Athlenda Mathe, porte-parole de la police sud-africaine (SAPS), a déclaré au média TimesLive que les enlèvements transfrontaliers impliquant des ressortissants des deux pays « deviennent plus complexes et plus volatils ».
« La criminalité transnationale organisée se propage très rapidement entre les deux pays », a déclaré Athlenda Mathe.
Elle a précisé que l’étroite collaboration entre les fonctionnaires sud-africains et mozambicains avait permis d’identifier 13 membres du syndicat « en tant que personnes d’intérêt ».
« Pour lutter contre les enlèvements, la SAPS et la division des enquêtes criminelles du Mozambique ont renforcé leurs relations afin d’améliorer la coopération et l’échange d’informations », a-t-elle ajouté, précisant que « ce partage d’informations a conduit à l’élaboration de programmes de lutte contre la criminalité organisée pour lutter contre les enlèvements, y compris la planification et la conduite d’opérations conjointes et le déploiement de technologies sophistiquées pour retrouver les fugitifs ».
TimesLIVE a rapporté vendredi qu’une enquête menée par son équipe a révélé comment des chefs présumés de la criminalité internationale ont été laissés libres par des fonctionnaires corrompus de la police et des affaires intérieures sud-africaines, ce qui leur a permis de terroriser des chefs d’entreprise locaux et internationaux en toute impunité.
L’enquête se concentre sur Momade Assife « Nini » Satar, un meurtrier condamné qui purge une peine de 24 ans de prison au Mozambique pour avoir tué un journaliste qui avait révélé son implication dans un scandale de fraude bancaire.
Satar est accusé d’avoir organisé certains des principaux enlèvements contre rançon en Afrique du Sud, avec ses lieutenants de confiance pour exécuter les crimes.
L’enquête révèle également que le groupe de Satar a des liens avec d’autres criminels notoires et qu’il a réussi à échapper à la justice en soudoyant ou en intimidant des fonctionnaires, des témoins et des victimes.
Plusieurs fonctionnaires corrompus de la police sud-africaine, du ministère de l’intérieur et de la banque privée ont été arrêtés pour leur rôle présumé dans les opérations criminelles.
L’enquête révèle également le calvaire de certaines des victimes d’enlèvement, qui ont été torturées, brûlées, torturées à l’eau et affamées, tandis que leurs familles se voyaient extorquer des millions de rands.
Certaines des victimes sont mortes en captivité ou après avoir été libérées.
L’enquête soulève également des questions sur le rôle de la SAPS, des services de renseignement et du ministère de la police dans la lutte contre le syndicat des kidnappeurs et la protection de la population contre leur règne de terreur.
JN/fss/ac/APA