Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux a recensé entre 600 et 700 décès ou disparitions de migrants depuis le début de l’année 2024, après plus de 1 300 pertes humaines en 2023.
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2025, la mer Méditerranée a une nouvelle fois révélé sa face la plus cruelle, emportant la vie d’au moins 27 migrants au large des îles Kerkennah, en Tunisie. Parmi les victimes, des femmes et des enfants, dont l’identité n’a pas encore été entièrement déterminée, ont été retrouvés sans vie, ont indiqué les autorités tunisiennes. Ce drame survient alors que de nombreux migrants, principalement originaires d’Afrique subsaharienne, prennent chaque jour la mer dans l’espoir de rejoindre l’Europe, malgré les risques et l’instabilité croissants de la traversée.
Le 1er janvier 2025, Zied Sdiri, directeur régional de la Protection civile à Sfax, a confirmé à l’AFP la récupération des corps sans vie de ces migrants après les naufrages de deux embarcations qui ont eu lieu à proximité des îles Kerkennah. Selon lui, ces deux incidents ont causé la mort de dizaines de personnes, tandis que les gardes-côtes ont secouru 83 survivants. Parmi les rescapés, 17 femmes et 7 enfants ont été pris en charge, et 15 d’entre eux ont été conduits à l’hôpital pour recevoir des soins. Un bébé fait également partie des victimes, ont précisé les autorités sur leurs réseaux sociaux. Cependant, des recherches continuent pour retrouver d’autres migrants toujours portés disparus.
Les deux canots, partant de la côte près de Sfax, transportaient environ 110 personnes, toutes originaires de pays d’Afrique subsaharienne. L’un des bateaux a chaviré, tandis que l’autre a coulé, bien que les raisons exactes de ces naufrages restent à déterminer. Selon des informations recueillies par la plateforme d’urgence Alarm Phone, les embarcations transportaient respectivement 48 et 71 personnes. Ces chiffres soulignent l’ampleur des tragédies humaines qui se jouent chaque jour au large des côtes tunisiennes, un lieu clé de départ pour les migrants cherchant à traverser la Méditerranée en direction de l’Europe, notamment vers l’île italienne de Lampedusa, distante de seulement 150 km.
Les naufrages ne sont pas un phénomène isolé. Dans les dernières semaines de 2024, plusieurs événements tragiques ont secoué la région. Le 29 décembre, deux migrants tunisiens, dont un enfant de cinq ans, ont perdu la vie dans un naufrage au large de la côte nord du pays, après une panne de leur embarcation de fortune. Le 18 décembre, un autre naufrage a coûté la vie à au moins 20 migrants d’Afrique subsaharienne, avec cinq disparus. Ce drame s’est produit près de La Chebba, au nord de Sfax, à environ 25 km du littoral. Une semaine auparavant, le 12 décembre, 27 migrants avaient été secourus après que leur embarcation, partie de Jebeniana, a fait naufrage à la suite d’une avarie dans des conditions météorologiques difficiles.
Malgré la courte distance qui sépare la Tunisie de l’Europe, les conditions de traversée restent extrêmement périlleuses, comme en témoignent ces événements tragiques récurrents. Le mauvais temps, la surpopulation à bord des embarcations de fortune et l’absence de dispositifs de sécurité adéquats contribuent à cette insécurité constante.
Les organisations de défense des droits de l’homme, comme Alarm Phone, n’ont pas tardé à dénoncer la politique migratoire actuelle. « La politique frontalière a encore tué », a réagi la plateforme sur les réseaux sociaux, soulignant que des vies humaines continuent de se perdre dans des traversées qui auraient pu être évitées. Un message de solidarité a été adressé aux familles des victimes, alors que la société tunisienne et la communauté internationale restent confrontées à l’ampleur de cette tragédie récurrente.
MK/te/APA