L’explosion, au large des côtes sénégalaises, du moteur d’une pirogue transportant vendredi près de 200 migrants vers l’Espagne, a causé de nombreux morts.
Le mystère pèse encore sur le nombre exact de jeunes ayant succombé à l’explosion d’une des deux pirogues interceptées vendredi par la Marine nationale au large de Dakar et de Mbour (ouest). Selon la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa), la première pirogue contenait « 111 migrants clandestins (…), tous des hommes dont plusieurs mineurs, qui ont été débarqués à la Base navale puis remis à la Police nationale ».
La seconde, sur laquelle portent les craintes, a été découverte vers 9h30 par un patrouilleur espagnol qui se trouvait dans la zone, à 80 km au large de Mbour, suite à un incendie qui s’est déclaré à bord de la pirogue ». Selon les médias locaux, elle transportait 200 personnes. L’accident aurait fait au moins une vingtaine de morts. Les victimes sont principalement des habitants du quartier Pikine de la ville de Saint-Louis (nord).
Dans son communiqué, la Dirpa souligne que « 51 personnes » ont pu être secourues et amenées à la Base navale Amiral Faye Gassama de Dakar. D’autres rescapés ont été également récupérés et transportés par des pirogues présentes sur les lieux, mais « leur nombre n’est pas encore connu », affirme-t-elle. Les patrouilleurs de la Marine nationale ont toutefois poursuivi les recherches sur la zone, « mais n’ont pas trouvé de corps sans vie ». En revanche, le site Dakaractu note que sept cadavres étaient identifiés.
Plusieurs journaux comme EnQuête ont titré ce lundi sur cette « hécatombe ». Sud Quotidien pointe la « résurgence de Barça ou Barsakh » (Barcelone ou la mort). Prenant le contre-pied de ceux qui « pensent à une recrudescence du phénomène », des analystes soutiennent dans ce journal que le tragique « voyage n’a jamais connu de répit malgré la Covid-19 ».
Dimanche, dans la soirée, le chef de l’Etat Macky Sall a exprimé dans les réseaux sociaux son « émotion » suite à cette tragédie, non sans déplorer « la perte de plus d’une dizaine de jeunes ».
Après avoir présenté ses « condoléances émues aux familles éplorées », le président de la République a assuré que « toutes les dispositions seront prises par le gouvernement pour les aider à surmonter cette dure épreuve ». Toutefois, il n’a pas convaincu beaucoup d’internautes qui se sont attaqués à sa politique d’emploi pour les jeunes.
Candidat à l’élection présidentielle en 2012, Macky Sall s’était engagé à créer 500.000 emplois s’il est élu. Mais plusieurs opposants affirment qu’il a échoué depuis son accession à la magistrature suprême. Certains de ses proches, comme le ministre conseiller Mor Ngom, comptabilisaient jusqu’en 2018 la création de « 336.000 emplois » sur le nombre initial promis.
En outre, ce nouvel accident maritime a fait réagir l’ambassadeur de France au Sénégal, Philippe Lalliot. En visite à Kaolack, au centre du pays, il s’est dit choqué par le retour des vagues de migrants tentant d’aller en Europe au péril de leur vie.
« C’est toujours terrible de retrouver cette jeunesse au fond de la mer. (…) Oui à l’immigration régulière. Parce que celle-là elle est une richesse pour nos deux pays. Mais non à l’immigration irrégulière parce que celle-là, elle est une calamité pour nos deux pays. Donc, non au trafic, non à la fraude, non à ces pirogues qui partent n’importe comment. Et qui sont, en fait, l’exploitation à la fois d’une misère et d’une envie », a affirmé le diplomate.
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