Par Hicham Alaoui
Le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a exposé la situation critique de la ressource hydrique au Maroc lors d’une présentation au cours de laquelle il a souligné les stades alarmants atteints.
Le pays se trouve à une étape cruciale, marquée par cinq années consécutives de sécheresse. Les trois derniers mois ont confirmé la trajectoire vers une nouvelle année sèche, mettant en lumière une réalité préoccupante.
Selon les données partagées par le ministre lors d’un point de presse tenu jeudi à l’issue du Conseil de gouvernement, les précipitations des trois derniers mois n’ont pas dépassé en moyenne 21 mm, marquant une chute significative estimée à 67 % par rapport à une année normale. La température élevée a également dépassé la moyenne annuelle pendant cette période, entraînant une évaporation accrue et affectant l’état des barrages.
Le ministre a précisé que les importations d’eau des barrages au cours de cette période ont été limitées à 519 millions de mètres cubes, comparativement à 1,5 milliard de mètres cubes enregistrés l’année précédente, marquant ainsi une baisse de deux tiers.
Quant aux zones directement touchées par cette crise hydrique, le ministre a cité le bassin du Lokkos qui constitue le principal réservoir d’eau au Maroc, habituellement alimenté par une moyenne annuelle de 282 millions de mètres cubes. Cependant, cette année, ce chiffre a chuté de manière significative pour atteindre seulement 23 millions de mètres cubes.
Dans la région de la Moulouya, les barrages ont reçu 311 millions de mètres cubes, mais le taux de remplissage n’a pas dépassé 121 mm3 cette année. Pour le bassin de Sebou, dont le réservoir totalise 758 millions de mètres cubes, mais il n’a reçu qu’une quantité d’eau 90 millions m3 cette année. Les barrages du Bouregreg ont enregistré 147 mm, mais la quantité reçue n’a pas dépassé 14 millions.
Pour le bassin d’Oum Rabia, les barrages ont reçu 694 millions de mètres cubes, mais seulement 195 millions cette année. Dans le Souss-Massa, la quantité d’eau enregistrée a été d’environ 160 millions de mètres cubes, mais cette année, elle n’a pas dépassé 10 mm, selon la même source.
« Nous n’anticipions pas d’atteindre ce point, ce qui a eu un impact négatif sur le taux de remplissage des barrages, lequel n’a pas dépassé 23,5 %, enregistrant une baisse de 7 points par rapport à l’année précédente », a informé le ministre.
Estimant que la situation hydrique est «terrible» au Maroc, le ministre a évoqué la mise en oeuvre de divers projets pour en réduire les effets. Il a cité à cet égard les autoroutes d’eau, comme celle de Oued Sebou qui achemine quotidiennement environ 1,3 million de m3 d’eau vers Rabat et Casablanca, ainsi que les projets de stations de dessalement de l’eau de mer qui entreront en service prochainement, notamment à Casablanca et à El Jadida.
À propos de la station de dessalement de l’eau de mer de Casablanca, dont le marché vient d’être attribué et dont le chantier démarrera en janvier 2024, le ministre a livré nombre de précisions. «L’État ne va ni construire, ni gérer le fonctionnement de cette station, ni vendre sa production. Ce sont les investisseurs qui exécuteront ces tâches, avec pour principale mission de vendre à l’ONEE de l’eau potable au prix de 4,5 dirhams le m3. Ce serait du jamais vu à ce prix-là», a-t-il indiqué, avant d’appeler «à la mobilisation de tous pour une meilleure gestion et une meilleure gouvernance de l’eau».
D’autres mesures d’optimisation de l’usage dfe l’eau potable seront prises notamment la poursuite de l’opération de fermeture des puits illégaux, la réduction de la pression et le recours à « des coupures d’eau si nécessaire, qui seront opérées au niveau local, en fonction de l’évolution de la situation au niveau de chaque commune ou ville », relevant que les comités régionaux prendront toutes les mesures nécessaires pour garantir la rationalisation de la demande en eau et la bonne utilisation des ressources disponibles.
Baraka a, par ailleurs, indiqué que la responsabilité du gouvernement est d’être proactif et de lancer une alerte précoce afin de permettre la prise des mesures nécessaires concernant l’offre et la demande, lesquelles connaissent un problème lié à la rationalisation de l’utilisation de l’eau notamment en améliorant l’efficacité hydrique tout en limitant son gaspillage.
HA/APA