Incontestablement, les programmes de protection sociale ouvrent des perspectives, permettent aux familles d’investir dans le capital humain et baissent le cycle de la pauvreté intergénérationnelle. Ils favorisent aussi la résilience des familles en leur permettant de gérer les risques, de faire face aux chocs et de continuer à investir dans leurs enfants, même après une catastrophe.
Par Hicham Alaoui
Partant de cet esprit, le Groupe de la Banque mondiale augmente rapidement ses investissements dans la protection sociale et, dans le cadre du Plan pour le capital humain en Afrique récemment dévoilé, il se fixe des objectifs ambitieux tels que le renforcement des filets de sécurité et de la formation professionnelle d’ici 2023.
Les filets sociaux jouent un rôle clé dans le Projet pour le capital humain, car ces programmes profitent à des familles entières et ils offrent aux personnes les plus vulnérables du monde une protection tout au long de leur vie.
Chaque pays d’Afrique subsaharienne a mis en place au moins un programme de protection sociale, qu’il s’agisse de transferts monétaires, de programmes de travaux publics ou d’alimentation scolaire. Cependant, en dépit de l’augmentation rapide du nombre de ces programmes dans la région, la plupart des populations pauvres et vulnérables d’Afrique ne sont toujours pas couvertes.
Dans son nouveau rapport intitulé « Les filets sociaux en Afrique – Comment réaliser leur plein potentiel ? » la Banque mondiale relève que seuls 10 % des Africains sont couverts et que les taux de pauvreté sont supérieurs aux taux de couverture dans la plupart des régions.
L’Indice du capital humain montre en outre que, en moyenne, l’Afrique subsaharienne ne réalise que 40 % de son potentiel de capital humain. Il s’agit là du résultat le plus faible de toutes les régions du monde, et 25 des 30 pays les moins bien classés de l’indice sont en Afrique subsaharienne.
C’est la raison pour laquelle le portefeuille de la Banque mondiale pour la protection sociale en Afrique s’élève à plus de 7,8 milliards de dollars destinés à plus de 50 projets, ce qui représente 12 % du soutien de l’Assocition internationale de développement (IDA), l’institution du Groupe de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres.
Les objectifs du Plan pour le capital humain en Afrique sont ambitieux, ils visent notamment à augmenter de 13,1 millions de dollars supplémentaires la couverture de protection sociale pour le quintile le plus pauvre dans les pays à faible revenu d’ici 2023.
De plus en plus, les programmes de protection sociale sont conçus pour être adaptables, de sorte que l’aide peut être renforcée pendant les périodes difficiles, quand des conflits, des chocs économiques ou des catastrophes climatiques menacent le capital humain.
Ces programmes dits de « protection sociale adaptative » contribuent à protéger les investissements en capital humain d’un pays en améliorant la résilience, afin que les personnes vulnérables ne sombrent pas davantage dans la pauvreté en période de crise. En conséquence, les mesures de protection sociale sont souvent au cœur de l’aide humanitaire et de l’action en faveur du développement. Et pour les gouvernements, les filets de sécurité sont à présent un moyen essentiel pour apporter un soutien rapide et direct aux populations touchées.
Le volet « Emploi » est une priorité du Projet pour le capital humain. Chaque mois, deux millions de nouveaux jeunes arrivent sur le marché de l’emploi, un défi d’autant plus difficile à relever que 200 millions de personnes sont au chômage et cherchent du travail. Parmi ceux qui travaillent, 65 % occupent des emplois à faible productivité.
La Banque mondiale intensifie son soutien pour répondre à la demande des pays qui souhaitent créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Elle finance à ce jour plus de 580 projets liés à l’emploi, pour un investissement total de 75 milliards de dollars.
Ces investissements aident les pays à faible revenu qui comptent une population importante de jeunes à relever des défis de taille, l’objectif étant de donner à ces jeunes les outils nécessaires pour qu’eux-mêmes et leurs communautés puissent sortir de la pauvreté.
D’ici à 2030, les gouvernements du monde entier ont convenu de réaliser des progrès importants dans la mise en œuvre de systèmes universels de protection sociale, y compris de socles, adaptés au contexte national, dans le cadre du programme des ODD.
Si près de la moitié de la population mondiale était couverte par au moins une prestation sociale en 2015, de nombreux pays ont fortement progressé vers le renforcement de leur système de protection sociale, y compris des socles visant à garantir au minimum un niveau élémentaire de sécurité sociale pour tous. Il faudra cependant poursuivre les efforts pour s’assurer que le droit à la sécurité sociale devienne une réalité pour tous.
HA/APA