La banque centrale du Maroc a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 3%, à l’issue de sa réunion trimestrielle, mardi à Rabat.
Le Conseil de la Banque centrale du Maroc a abordé l’évolution de la conjoncture économique depuis sa réunion de juin dernier. Il a noté à cet égard la nette décélération de l’inflation qui est revenue d’un pic de 10,1% en glissement annuel en février à 5% en août, favorisée par les mesures mises en place par le gouvernement, l’atténuation des pressions d’origine externe et le resserrement de la politique monétaire.
Selon les projections de l’institution financière, ce ralentissement se poursuivrait, l’inflation devant reculer de 6,6% en 2022 à 6,0% en moyenne au cours de cette année puis à 2,6% en 2024. Sa composante sous-jacente connaitrait une trajectoire similaire, passant de 6,6% à 5,6% puis à 2,3% respectivement. Le Conseil a relevé également que les anticipations d’inflation aussi bien à moyen qu’à long termes ont connu une baisse sensible au troisième trimestre de 2023 et a pris note des évaluations préliminaires qui montrent que la transmission de ses trois dernières décisions de relèvement du taux directeur aux conditions monétaires et à l’économie réelle reste partielle.
Au regard de l’ensemble de ces données et du niveau élevé d’incertitude liée à l’évolution de la conjoncture internationale et au contexte national au lendemain du tremblement de terre, le Conseil de de la Banque du Maroc a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 3%. Lors de ses prochaines réunions, ses décisions tiendront compte notamment des données dont la Banque disposera concernant l’impact du séisme sur les plans économique et social, et sur les actions mises en place à cet effet par toutes les parties prenantes.
Après la décélération à 1,3% en 2022, la croissance connaitrait, compte non tenu des conséquences du séisme d’Al Haouz et des retombées des mesures de reconstruction et de relance annoncées, une amélioration graduelle passant à 2,9% en 2023 puis à 3,2% en 2024. Cette évolution serait le résultat d’un accroissement de 5% de la valeur ajoutée agricole en 2023 et de 5,9% en 2024 sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne de 70 millions de quintaux. Pour les activités non agricoles, leur rythme de progression devrait enregistrer un ralentissement à 2,6% en 2023, suivi d’une accélération à 3% en 2024.
Sur le plan des comptes extérieurs, après la forte dynamique des deux dernières années, les échanges de biens marqueraient une quasi-stagnation en 2023 avant une relative reprise en 2024. Les exportations connaîtraient une quasi-stabilité cette année, avec notamment un repli sensible des ventes de phosphate et dérivés et une progression soutenue de celles du secteur automobile. Elles se raffermiraient ensuite de 5,8% en 2024, reflétant essentiellement la reprise prévue des exportations de phosphate et dérivés qui atteindraient 84,6 milliards de dirhams et la poursuite de la bonne performance du secteur automobile dont les ventes s’élèveraient à 155 milliards.
En parallèle, les importations resteraient en 2023 au même niveau de 2022, avec des allégements de la facture énergétique à 149,1 milliards de dirhams et des acquisitions de demi-produits, ainsi qu’une augmentation des achats de biens de consommation et d’équipement. Elles enregistreraient un accroissement de 2,2% en 2024, tiré par des hausses des importations de demi-produits et des biens de consommation.
Par ailleurs, tenant compte des importantes réalisations durant la période estivale et de l’effet attendu des manifestations internationales d’envergure que devrait accueillir notre pays durant les prochains mois, les recettes voyages s’accroitraient de 23,4% à 115,5 milliards de dirhams en 2023, avant d’afficher une baisse de 4,9% à 109,9 milliards en 2024.
Les transferts des MRE devraient, pour leur part, progresser de 2,5% en 2023 et de 3,6% en 2024 pour atteindre 117,5 milliards de dirhams. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se situerait autour de 2% du PIB en 2023 et en 2024 après 3,5% en 2022. Concernant les IDE, les recettes se maintiendraient à l’équivalent de 3% du PIB en 2023 et en 2024. Au total, et tenant compte notamment des financements extérieurs réalisés et prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve s’établiraient à 361,8 milliards de dirhams à fin 2023 puis à 363,8 milliards à fin 2024, soit une couverture autour de 5 mois et demi d’importations de biens et services.
Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des huit premiers mois de 2023 fait ressortir une amélioration de 4,9% des recettes ordinaires, portée en particulier par l’augmentation des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 5,9%, reflétant la hausse de celles d’investissement, des dépenses de biens et services et de la charge en intérêts de la dette. Tenant compte notamment de ces réalisations et de l’évolution prévue de l’activité économique, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de la Banque, s’atténuer légèrement passant de 5,2% du PIB en 2022 à 5,1% en 2023 et à 4,9% en 2024.
HA/APA