La grève observée ce mercredi au Maroc à l’appel des trois centrales syndicales (FDT, CDT et l’UMT) a touché l’ensemble des secteurs la fonction publique, les établissements publics et les collectivités territoriales.
Ainsi, des milliers de manifestants ont battu le pavé en matinée pour protester contre la crise sociale et économique et la politique d’austérité menée par le gouvernement touchant tous les secteurs sociaux ainsi que la propagation d’une économie de rente, de monopole et de spéculation, fragilisée par la corruption, l’évasion fiscale et par un endettement sans précédent.
Les manifestant ont scandé des slogans contre l’injustice et l’exclusion sociale, la hausse du taux de pauvreté, de chômage d’analphabétisme, et contester les conditions de travail qui se dégradent (un pouvoir d’achat des plus bas, depuis presque une dizaine d’années, exacerbé par la hausse des prix des produits de consommation courante et des prix du carburant, d’eau et d’électricité, du transport et du logement), ce qui plonge davantage les classes laborieuses et moyennes dans des difficultés extrêmes.
Selon le Secrétaire général de la FDT, Abdelhamid Fatihi, « le débrayage a été largement suivi par les fonctionnaires et les salariés », ajoutant que « le taux de participation a dépassé les 70% dans tous les secteurs de la fonction publique (enseignement, collectivités territoriales, justice…) ».
Il a, dans ce même sens, critiqué « le silence coupable » du gouvernement, qui « continue de faire la sourde oreille ». Pour cette raison, il a mis en avant le fait que la FDT allait discuter au sein de ses instances décisionnelles d’autres formes de protestation si le gouvernement ne prend pas des mesures pour faire baisser la tension sociale.
Pour sa part, Khalid Lahouir El Alami, secrétaire général adjoint de la CDT, a affirmé que la grève du 20 février a fait un tabac, soulignant que « le taux de participation a varié entre 75 % et 100 % au niveau de la fonction publique. La grève a été largement suivie dans les secteurs de l’éducation, des collectivités territoriales, de la pêche maritime, de la communication et de la justice et il y a des secteurs où le taux de participation a dépassé les 90 % ».
Il a dénoncé le silence du gouvernement. « Jusqu’à maintenant, le gouvernement garde le silence et je dirais même que le chef du gouvernement adopte une attitude indifférente et irresponsable devant la gravité de la situation sociale», a-t-il assené.
Et d’ajouter : « Le gouvernement semble inconscient de la gravité de la situation». Pour lui, il y a deux indicateurs de la gravité de celle-ci. Le premier concerne l’endettement qui a atteint des seuils intolérables qui rappellent la crise des années 80 du siècle passé et le second a trait à l’endettement des ménages.
Plusieurs raisons expliquent le ras-le-bol des centrales syndicales. Depuis 2011, date du dernier accord social, à savoir l’Accord du 26 avril 2011, la situation de la classe ouvrière s’est, en effet, dégradée. Ses acquis, ses droits et ses revendications ont été bafoués pour la huitième année consécutive sous la houlette de deux gouvernements successifs (en l’occurrence celui d’Abdelilah Benkirane et celui de Saad Dine El Otmani).
Les salariés et les fonctionnaires n’ont bénéficié, selon les centrales syndicales, d’aucune mesure visant à renforcer leur pouvoir d’achat et à améliorer leur situation. Pire encore, le gouvernement a également porté atteinte aux acquis sociaux des salariés durant ces années de vaches maigres.
Les centrales syndicales dénoncent, en outre, le gel du dialogue social et de tous les accords conclus, ainsi que les atteintes aux droits et acquis des salariés.
HA/APA