Le Maroc a appelé à une structuration d’une gouvernance migratoire à l’échelle du 5+5 qui peut être le précurseur d’un consensus bicontinental, a souligné le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita.
Dans son allocution à la 8ème conférence ministérielle du Dialogue 5+5 sur la migration et le développement, lundi à Marrakech, le ministre a constaté qu’il « n’y a donc aucune raison pour que le 5+5 reste absent ou timide en matière de gouvernance migratoire ». Pourquoi le serait-il ? Sa pertinence est indéniable et son potentiel est énorme, s’est-il demandé lors de cet événement destiné à asseoir une bonne gouvernance et initier une approche consensuelle en Méditerranée occidentale.
Il s’est dit convaincu qu’à la veille du 25ème anniversaire du Processus de Barcelone, la gouvernance migratoire peut être la question sur laquelle édifier un leadership thématique du 5+5 à l’échelle de la Méditerranée, et au-delà.
« La Méditerranée ne sera jamais une mer sans vague. Qu’à cela ne tienne …tant qu’elle est animée par le débat, par l’action, par des questionnements, puis par des idées et des solutions », a-t-il dit.
Fort de sa politique nationale, de son leadership continental et de son expérience réussie de coopération régionale, la volonté du Maroc est, désormais, de favoriser un consensus bicontinental en matière de migration. L’ambition du Maroc est que le 5+5 soit le moteur de cet effort, la locomotive d’une dynamique vertueuse de la migration, a indiqué le ministre.
Pour lui, il faut articuler les débats autour de 5 axes que sont les politiques migratoires, la migration régulière, la migration et le développement, la migration et l’intégration ainsi que la lutte contre l’immigration irrégulière et les réseaux de traite et de trafic des migrants.
Selon M. Bourita il est temps, en effet, de reposer les termes du débat, autour d’objectifs précis et d’actions simples et pragmatiques, telles que le rapprochement des politiques migratoires, en s’inspirant des meilleures pratiques des uns et des autres, la facilitation d’une migration régulière qui réponde aux besoins des pays, notamment des migrations temporaire et circulaire, l’action contre les causes profondes des migrations forcées et la maximisation des contributions des migrants au développement.
Il s’agit aussi de l’intégration paisible et harmonieuse des migrants en situation régulière au bénéfice de tous et dans le respect des lois des pays de destination et la coopération et les échanges d’informations dans le domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière, les réseaux de traite et le trafic des migrants.
Pour chacun de ces volets, une série de mesures, à la portée, sont proposées, notamment la mise en réseau des observatoires existants et les centres d’expertise nationaux et régionaux des deux rives, afin de renforcer les capacités des États en matière de collecte de données et la création de réseaux nationaux de compétences dans les pays du 5+5.
Aussi, il est nécessaire d’améliorer l’accès des chercheurs et des étudiants aux programmes de mobilité, de développer des stratégies d’inclusion financière des migrants, en partenariat avec le secteur financier et de procéder à l’élaboration d’une compilation des bonnes pratiques sur l’élimination des discours de haine, de la xénophobie, et du racisme en vue de réhabiliter l’image des migrants.
Pour rappel, ce conclave vise à définir un cadre d’action globale, consensuel et équilibré en Méditerranée occidentale portant sur la question migratoire dans ses différentes dimensions, notamment le lien entre la migration et le développement, la migration régulière et la mobilité, l’intégration des migrants et la préservation de leurs droits, ainsi que la lutte contre le trafic des migrants et la traite des êtres humains, indique dimanche un communiqué du ministère marocain des affaires étrangères.
L’organisation de cette 8è conférence ministérielle est une contribution à la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté en décembre 2018, à Marrakech.
Cette rencontre de haut niveau connaitra la participation des ministres des affaires étrangères des pays de la Méditerranée occidentale ainsi que les représentants des organisations internationales et régionales, telles que l’OIM, l’UA, l’UE, l’UpM, l’UMA, la CEDEAO et l’OCDE, ajoute la même source.
Crée en 1990, le Dialogue 5+5, est un forum sous régional qui constitue une des premières initiatives fructueuses entre des pays méditerranéens. Il regroupe les dix pays de la Méditerranée occidentale, à savoir : le Maroc, l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, la Tunisie, l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal.
HA/APA