Le divorce, désormais un phénomène social préoccupant au Maroc, creuse un fossé profond au sein de la société. La réforme tant espérée Code du statut personnel parviendra-t-elle à atténuer ce fléau?
Les chiffres concernant le phénomène du divorce au Maroc sont saisissants et révélateurs. Selon un récent rapport du conseil supérieur du pouvoir judiciaire, cité vendredi par le journal électronique +Maroc Hebdo+ près de 600 000 cas de divorces ont été enregistrés dans le Royaume entre 2017 et 2022.
Les statistiques montrent une augmentation progressive, passant de 107.136 affaires en 2017 à 146.766 en 2022, avec une légère baisse en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Ces chiffres sont corroborés par le Haut-commissariat au Plan, qui indique que plus de 3% des femmes marocaines de plus de 15 ans sont divorcées, soit environ 500.000 femmes.
Un autre indicateur inquiétant est le taux de divortialité, qui représente le nombre de divorces prononcés par rapport au nombre de mariages enregistrés dans l’année. Ce ratio est estimé à 50 affaires de divorce pour 100 demandes d’autorisations de mariage déposées.
Les raisons de l’échec des mariages sont multiples et souvent sociologiques. Selon le journal, une enquête récente montre que les conflits entre conjoints sont la principale cause de divorce, suivis de près par la violence conjugale, tant physique que verbale. La crise économique et le chômage contribuent également à l’augmentation des comportements violents au sein des familles.
Cité par +Maroc Hebdo+, Abderrazzak Bouita, président de l’Association marocaine des jeunes adouls, souligne que la tendance à recourir à la justice plutôt qu’aux adouls pour les divorces a diminué les tentatives de réconciliation entre les couples. De plus, l’absence de cadres compétents dans les tribunaux de la famille pour accompagner les nouveaux couples, en particulier les jeunes, contribue à la hausse des divorces.
Les conséquences sociales du divorce sont souvent graves, affectant principalement les femmes et les enfants. De nombreux enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes, ce qui les expose à la délinquance et à la criminalité.
La nouvelle réforme de la Moudawana (statut personnel) vise à aborder ces problèmes, mais sa capacité à trouver des solutions durables pour renforcer la stabilité familiale reste à démontrer.
HA/APA