Initialement prévu pour ce mardi 17 septembre, le procès tant attendu sur l’affaire de l’achat controversé de l’avion présidentiel et des équipements militaires a été reporté au mardi 24 septembre 2024.
Le report du procès des achats controversés (avion présidentiel et matériels militaires) fait suite aux attaques survenues à Bamako le lundi 16 septembre 2024, qui ont paralysé plusieurs activités dans la capitale malienne. Ces événements ont conduit les autorités judiciaires à ajourner l’audience pour des raisons de sécurité.
L’affaire en question remonte à 2014 et implique plusieurs hauts responsables de l’administration de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Parmi les accusés figurent l’ancienne ministre de l’Économie et des Finances Bouaré Fily Sissoko, Mahamadou Camara, ancien chef de cabinet présidentiel et plusieurs autres personnalités de premier plan, dont des militaires et un ex-directeur de banque.
Le dossier concerne deux transactions majeures. Il s’agit de l’achat d’un avion présidentiel pour environ 20 milliards de francs CFA et de la conclusion de contrats d’équipements militaires pour un montant total de 69 milliards de francs CFA. Selon les enquêtes, ces transactions ont été marquées par des irrégularités financières et des détournements de fonds publics à hauteur de 28,5 milliards de francs CFA pour l’avion et de plusieurs milliards supplémentaires pour les équipements militaires. Ces révélations ont suscité un vif émoi au Mali et dans la communauté internationale, faisant de cette affaire un symbole des défis de gouvernance et de transparence que le pays continue de rencontrer.
Bouaré Fily Sissoko, alors ministre des Finances et Soumeylou Boubèye Maïga, ancien Premier ministre et ministre de la Défense à l’époque des faits, sont au centre de cette affaire. Si Maïga a été placé sous mandat de dépôt en 2021, il est décédé en détention en 2022, compliquant davantage la procédure judiciaire. Bouaré Fily Sissoko, qui clame son innocence depuis des années, a exigé à plusieurs reprises un procès rapide afin de laver son honneur. Elle a même refusé de payer la caution lui garantissant une liberté sous condition avant la tenue de son procès. A 69 ans, l’ancienne ministre espère que ce procès pourra enfin rendre justice après près d’une décennie d’attente.
Les accusés devront répondre des charges de détournement de fonds publics, corruption et mauvaise gestion financière. Les prévenus, tout en affirmant leur innocence, font face à une pression judiciaire importante dans un contexte de lutte contre la mauvaise gouvernance au Mali.
La journée du 16 septembre a été marquée par des attaques à Bamako, revendiquées par le JNIM dont les éléments ont ciblé des infrastructures stratégiques, notamment l’école de gendarmerie de Faladié et l’aéroport de la capitale. Ces événements ont provoqué une grande inquiétude parmi la population et ont conduit les autorités à renforcer la sécurité dans la ville. En conséquence, la cour a estimé qu’il était préférable de reporter le procès pour garantir la sécurité des parties impliquées et assurer un déroulement serein des audiences.
Ce procès s’inscrit dans un contexte politique complexe pour le Mali, marqué par une transition post-coup d’État, qui tarde à prendre fin. Les autorités de transition, dirigées par le président Assimi Goïta, se sont engagées à renforcer la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance, des fléaux qui ont fragilisé le pays ces dernières années. Ce procès est donc perçu par beaucoup comme un test clé de la capacité de l’État à instaurer une justice transparente et équitable.
MD/Sf/te/APA