A l’occasion de la journée internationale des migrants célébrée ce 18 décembre, APA est allé à la rencontre de Modibo Sissoko, un rescapé parmi ces milliers de jeunes maliens qui chaque année tentent d’émigrer clandestinement vers l’Europe.
Même s’il n’a pas réussi son « pari » de rejoindre l’Europe, Sissoko se dit chanceux de n’avoir pas été tué dans le bombardement qui a visé son centre de détention en Lybie. « Je n’ai plus rien, j’ai tout perdu. Même mon espoir », confie Modibo.
Depuis son retour au Mali, aidé par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), il travaille sur la conception et la réalisation d’un projet de réintégration en agriculture, en collaboration avec d’autres migrants maliens de retour dans le cadre de l’Initiative Conjointe Union Européenne-OIM pour la protection et la réintégration des migrants.
Comme lui, ils sont de nombreux jeunes maliens qui, chaque année, tentent clandestinement d’émigrer vers l’Europe, mais dont la majorité échoue et se retrouve sans moyens.
Âgé de 26 ans, Modibo Sissoko est originaire de la région de Kayes considérée comme la plus grande zone de départ de migrants clandestins au Mali. Les exploits et réalisations des premiers migrants de cette partie du pays font que chaque jeune aspire à tenter sa chance hors du pays, souvent au péril de sa vie dans le désert et dans l’océan.
Rentré au Mali le 22 Août dernier grâce au programme de rapatriement de l’OIM, Modibo a commencé son périple au Sénégal comme puisatier pour économiser de l’argent avant de poursuivre sa route vers la Libye dans l’espoir de rejoindre l’Espagne.
En Libye, il va tenter à plusieurs fois de traverser la Méditerranée sans succès, avant de se faire attraper par la police. Il a été amené au centre de détention de Tajoura à l’est de Tripoli, un lieu qui sera la cible d’une frappe aérienne meurtrière dans la nuit du mardi 03 Juillet 2019 faisant plus de cinquante morts.
«Cette nuit-là, un grand bruit nous a réveillé en plein sommeil. J’ai remarqué qu’une partie de la toiture et du mur de notre bâtiment s’était écroulée. Des gens criaient et sans chercher à comprendre ni prendre mes affaires, j’ai couru pour sortir du centre. En sortant, j’ai vu du sang et des gens au sol. Des hommes armés disaient aux gens de se sauver. J’y ai perdu deux amis maliens », raconte le candidat malheureux à l’émigration.
Abandonnant l’idée de rejoindre l’Europe, Modibo se fait une nouvelle vie dans l’agriculture et espère se relancer économiquement.
MDS/te/APA