Une enquête de quatre médias français, publiée entre le 16 et 17 mai 2023, révèle la stratégie des militaires français.
Le 8 avril 2021, Olivier Dubois a été enlevé à Gao, dans le Nord du Mali, par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM). Le journaliste français était censé s’entretenir avec un cadre de la filiale sahélienne d’Al Qaïda au Maghreb islamique.
Un rendez-vous qu’il a préparé avec l’aide d’un « ami » touareg que des médias français qui ont eu accès au contenu de l’enquête ouverte à Paris à partir de mai 2021 sur le kidnapping du journaliste, ont surnommé « Kader » pour des raisons sécuritaires. Mais il se trouve que le « fixeur » collaborait avec l’armée française. Par conséquent, il a fait remonter les informations relatives aux préparatifs de l’entrevue entre Olivier Dubois et Abdallah ag Albakaye.
Ce dernier, alors émir de la localité de Talataye, était dans le viseur des Français dans un contexte de traque des chefs jihadistes liés à Al Qaïda ou à l’État islamique dans la région sahélienne.
Selon RFI, TV5 Monde, Libération et Le Monde qui ont conjointement travaillé sur ce dossier, les autorités françaises avaient des raisons de craindre un enlèvement du journaliste le jour de son rendez-vous avec le chef jihadiste. Pourtant, M. Dubois n’a jamais été alerté sur cette éventualité. Tout au plus, l’ambassade française à Bamako, qu’il a informée de son déplacement au moment de prendre son vol pour Gao, lui a signifié que la zone était fortement déconseillée. Ni plus, ni moins.
La question est donc de savoir si l’armée française a voulu faire d’Olivier Dubois un appât pour atteindre Abdallah Ag Albakaye ? Si une opération n’a jamais été envisagée, il est presque sûr qu’il était prévu de localiser le jihadiste à travers un dispositif placé dans le téléphone de « Kader » qui, finalement, a été écarté comme interprète par l’entourage d’Ag Albakaye.
Ce qui fait que lorsqu’il s’est rendu dans le VIIe arrondissement de Gao, Olivier Dubois, après être monté dans un pick-up avec quatre hommes, n’est revenu que près de deux ans après au lieu des 45 minutes que devait durer son interview avec le chef jihadiste.
AC/id/APA