Les autorités maliennes avaient annoncé en avril dernier, la tenue du référendum constitutionnel pour le 18 juin prochain. C’est le moment mis à profit par le président de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE), Me Moustapha Cissé pour sortir de sa réserve. Il a tout de même relevé des insuffisances dans les préparatifs de cet important scrutin.
Selon les dispositions de la nouvelle loi électorale au Mali, la mise en place de l’AIGE devrait se faire six mois avant la date du scrutin. Un délai impossible à respecter si l’on se réfère à la date fixée par les autorités de la Transition pour organiser le référendum constitutionnel, le 18 juin prochain.
De plus, cette élection se tiendra sur la base de l’ancien découpage territorial. En d’autres termes, au lieu des 19 régions actuellement reconnues, ce scrutin référendaire ne prendra en compte que les 8 régions administratives du Mali.
L’autre défi majeur autour de cette élection, c’est surtout les pièces devant servir de carte d’électeur. A en croire, les dispositions de la électorale ce sont surtout la nouvelle carte nationale d’identité biométrique sécurisée (CNIBS) dont la remise a commencé en avril dernier qui fera également office de carte d’électeur. Cependant, au regard du retard pris dans la remise de ce document à tous les Maliens inscrits sur la liste électorale (environ 8.500.000), il a été décidé de faire une dérogation en permettant aux électeurs d’accomplir leur devoir de citoyen avec toutes les autres pièces d’identité (ancienne carte nationale d’identité, carte NINA, Permis de conduire…).
Ainsi, même si l’AIGE se dit « structurellement, financièrement et matériellement », prête pour ce scrutin de nombreux défis restent à relever. Par ailleurs, cette structure est censée être indépendante vis-à-vis de l’administration et représentée sur l’ensemble du territoire national. Ce qui est impossible dans la mesure où elle est toujours rattachée au ministère de l’Administration territoriale qui met à sa disposition les moyens pour agir. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains partis politiques très représentatifs n’ont pas voulu être associés à cette initiative.
A cette situation s’ajoutent aussi ses limites sur le plan opérationnel et logistique. En effet, la situation sécuritaire est depuis un certain temps marquée par la recrudescence des attaques terroristes qui n’épargnent même plus certaines grandes villes. Comme en témoignent l’attaque meurtrière ayant visé la ville de Sévaré, le 22 avril dernier, faisant au moins une dizaine de morts parmi les civils et celle survenue le 11 mai dernier à Niono, toujours dans le centre du pays faisant des victimes parmi les militaires.
Avec cette situation, il sera difficile d’imaginer avoir des représentations de l’AIGE au niveau de ces villes sachant que les terroristes feront tout pour empêcher la tenue de ce scrutin. La MINUSMA pourrait aussi contribuer à sécuriser le scrutin, mais les relations délétères qu’elle entretient actuellement avec les autorités de la Transition au Mali n’augure pas des lendemains meilleurs.
D’ailleurs, nombreux sont ceux qui doutent du renouvellement de son mandat fin juin prochain d’autant que de nombreux contingents qui la composaient ont annoncé leur retrait de ladite mission onusienne.
C’est donc un scrutin test et à plusieurs inconnues que le Mali s’apprête à organiser. Pourtant, cette étape est décisive dans le rétablissement de l’ordre constitutionnel à travers la tenue de la présidentielle de février et mars 2024 devant consacrer le retour des civils aux affaires.
MD/APA