Le premier Sommet africain pour le climat, ouvert lundi au Kenya, accueille des personnages pluriels dont des jeunes africains qui ne veulent plus subir, sans dire un mot, les décisions politiques destinées à lutter contre le changement climatique.
A un peu moins de trois mois de la Conférence sur les changements climatiques (COP28) de Dubaï aux Émirats arabes unis, le premier Sommet africain pour le climat a réuni lundi 4 septembre à Nairobi, la capitale kenyane, des sommités et « des centaines de jeunes » du continent qui veulent désormais être impliqués dans les processus de prises de décision sur le climat.
Devant le président William Ruto et plusieurs de ses homologues, les jeunes africains ont demandé « à jouer un rôle important » sur les actions visant la lutte contre le changement climatique qui, entre autres facteurs, oblige des populations de nombreux pays africains à rester dans la précarité.
Selon un communiqué reçu à APA, leur déclaration a été « le point culminant » de l’Assemblée des jeunes africains sur le climat qui s’est tenue dans la capitale kenyane du 1er au 3 septembre. Ils préconisent notamment « de créer rapidement une banque verte mondiale et d’élaborer un nouveau pacte financier mondial, afin de leur donner la priorité et de protéger leurs intérêts dans le financement de la lutte contre les changements climatiques ».
Les délégués des jeunes ont également « demandé de créer un bureau des Nations Unies pour la jeunesse qui serait basé en Afrique, le continent qui compte le plus grand nombre de jeunes sur la planète ». Des interpellations qui indiquent clairement que les participants, à l’instar des activistes, « n’ont pas mâché leurs mots » à l’occasion de cette rencontre considérée comme le premier du genre sur le climat en Afrique.
Dynamisme et innovation
En effet, ces derniers ont « dénoncé l’hôte de l’événement, William Ruto, le président du Kenya, et le Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur le changement climatique (CAHOSCC), car ils auraient privilégié les intérêts occidentaux au détriment de ceux de l’Afrique », a souligné Charity Migwi, responsable régionale des campagnes de 350.org en Afrique, un mouvement international qui œuvre pour mettre un terme à l’ère des combustibles fossiles et construire un monde où l’énergie renouvelable soutenue par les populations locales sera accessible à tous.
« Ce que les Africains attendent avant tout de ce sommet, c’est un engagement ferme en faveur de l’élimination progressive des combustibles fossiles sur le continent, pour exploiter massivement le potentiel de l’Afrique en matière d’énergies renouvelables », a précisé Mme Migwi.
Répondant aux jeunes qui ont interpellé les dirigeants africains au cours de la session animée par Elizabeth Watuthi, coordinatrice principale de l’Assemblée de la jeunesse africaine sur le climat, le président Ruto a salué cette jeunesse africaine qui se fait remarquer par « son dynamisme et son sens de l’innovation », indiquant qu’elle est « le plus grand atout du continent et du monde entier ».
C’est pourquoi, d’ailleurs, il se dit en phase avec cette jeunesse lorsqu’elle déclare vouloir être plus impliquée dans la définition des politiques climatiques nationales et internationales. Pour le chef de l’Etat kenyan, les jeunes africains ont un véritable rôle à jouer au regard du potentiel agricole de leur continent caractérisé par « ses vastes terres non cultivées (65 % du total mondial) » alors qu’elles pourraient « favoriser la création d’emplois et stimuler la richesse ».
L’exemple kenyan
Donnant l’exemple de son pays, le successeur d’Uhuru Kenyatta rappelle l’initiative de son gouvernement visant à créer des villes intelligentes pour lutter contre les établissements humains non durables et réduire la pollution, dans le but de favoriser un développement durable sur le plan de l’environnement. Il a indiqué que son gouvernement a consacré à l’éducation « le budget le plus important de l’histoire du pays », soit 630 milliards de shillings kényans (environ 433 millions de dollars), ce qui représente plus de 27 % du budget annuel. « L’une des façons d’investir dans les jeunes est de leur donner une éducation et des compétences de qualité pour les aider à relever les défis futurs », a souligné M. Ruto.
Prenant part à la cérémonie, le président de la Banque africaine de développement (Bad), Akinwumi Adesina, a souligné de son côté la nature cruciale de l’investissement dans la jeunesse pour favoriser la croissance et la stabilité en Afrique. « Le plus grand risque sur ce continent est de ne pas investir dans la jeunesse », a prévenu M. Adesina avant de noter que « les jeunes ont besoin d’investissements, pas d’être responsabilisés ».
ODL/ac/APA