La situation financière du pays de la Teranga et l’élection présidentielle ivoirienne, prévue pour octobre 2025, ne devraient pas entamer la bonne dynamique de la croissance au sein de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine, selon le Gouverneur de la BCEAO.
Alors que 2025 s’ouvre sur un paysage économique et politique marqué par des incertitudes – entre la difficile situation financière du Sénégal et la présidentielle en Côte d’Ivoire, prévue en octobre prochain, le Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Jean Claude Kassi Brou, s’est voulu rassurant quant aux bonnes perspectives de croissance de l’espace communautaire.
Avec une croissance attendue au-delà de 6,3 %, soutenue par des secteurs dynamiques comme l’agriculture, l’exploitation minière et l’exportation pétrolière, l’avenir se dessine sous des auspices encourageants.
S’exprimant ce mercredi 5 mars à Dakar lors d’un point de presse tenu en marge de la première réunion du Comité de politique monétaire de l’institution financière régionale, M. Brou a fait savoir que la BCEAO « n’anticipe pas de difficultés particulières liées aux échéances électorales » en Côte d’ivoire.
« Après tout, les élections se tiennent tous les cinq ans, et celles organisées récemment dans d’autres pays n’ont pas eu d’impact négatif notable sur la croissance économique », a-t-il relevé.
Revenant sur la situation particulière du Sénégal, il a fait savoir que « les autorités ont joué la transparence parfaite pour que la situation de l’évaluation qui a été faite soit connue de tout le monde. »
Pour lui ce qui est « important est d’avoir les informations, de les intégrer et puis de voir quelle va être l’orientation que les autorités vont imprimer aux actions qui doivent être menées dans le court terme et dans le moyen terme. »
A en croire le Gouverneur de la BCEAO, ces différents éléments ont déjà été intégrés dans l’analyse faite par les services de l’institution financière.
Ainsi, la BCEAO a annoncé, à l’issue de la réunion du CPM, le maintien de son principal taux directeur à 3,5 % ainsi que du taux d’intérêt sur le guichet de prêts marginaux à 5,5 %, niveaux en vigueur depuis le 16 décembre 2023.
« Cette décision repose sur une analyse approfondie de l’évolution économique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), marquée par une dynamique de croissance soutenue. En effet, l’activité économique de l’Union demeure vigoureuse, avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 7 % au quatrième trimestre 2024, contre 5,8 % le trimestre précédent », a expliqué M. Brou.
Pour l’ensemble de l’année 2024, la progression du PIB réel est estimée à 6,2 % après 5,3 % en 2023. Cette tendance devrait se maintenir en 2025 avec une prévision de 6,3 %, portée par les secteurs extractif, manufacturier et agricole.
Cette croissance bénéficie d’un financement bancaire approprié, comme en témoigne la hausse des crédits bancaires au secteur privé, qui ont progressé de 6,3 % en glissement annuel à fin décembre 2024, contre 5,8 % trois mois plus tôt. Cette dynamique devrait s’accélérer en 2025 avec une prévision de 8,6 %.
L’inflation, pour sa part, a connu une détente significative. Après avoir atteint 4,1 % au troisième trimestre 2024, elle s’est établie à 2,9 % au quatrième trimestre, grâce à la baisse des coûts des produits alimentaires et énergétiques importés, ainsi qu’aux bonnes performances de la campagne agricole 2024-2025. Selon les projections, l’inflation devrait s’établir à 2,7 % en 2025 après 3,5 % en 2024.
Toutefois, certains risques persistent, notamment en raison de l’instabilité sécuritaire dans la sous-région, des effets du changement climatique sur la production vivrière, et des tensions géopolitiques mondiales qui pourraient influencer les prix des produits énergétiques et alimentaires, a souligné Jean-Claude Kassi brou.
Sur le plan extérieur, la situation de l’Union s’est améliorée, portée par la hausse des prix des produits exportés, la progression des ventes d’hydrocarbures et la mobilisation de financements extérieurs par les États membres.
Cette tendance positive devrait se poursuivre, soutenue par des secteurs clés comme l’agriculture, l’exploitation minière et les exportations pétrolières, a conclu le Gouverneur de la BCEAO.
ARD/te/Sf/APA