Le Nord du Mali fait face à une crise sanitaire sans précédent, marquée par une flambée inquiétante de paludisme et de diphtérie.
L’intensité de la saison des pluies particulièrement cette année, a entraîné des inondations au Mali. Outre ces faits, les cas de maladies infectieuses ont explosé dans les zones déjà fragilisées par l’insécurité. Depuis le début de l’année, les autorités sanitaires enregistrent une recrudescence des cas dans les régions septentrionales du pays.
Selon les chiffres récents, près de 13 000 nouveaux cas de paludisme ont été recensés entre le 21 et le 27 septembre 2024, marquant une augmentation de 88 % par rapport à la semaine précédente. Cette flambée s’accompagne d’une hausse significative des décès, portant le bilan à 59 morts dans le nord depuis le début de l’année, soit presque le double par rapport à l’année 2023. Ces chiffres incluent également des formes graves de la maladie, avec des détresses respiratoires aiguës observées chez de nombreux patients.
La situation dans le nord du Mali est aggravée par des facteurs structurels déjà critiques. Le nombre de personnes déplacées internes a augmenté, fuyant les violences incessantes dues à l’insécurité. Ces mouvements de populations rendent difficile l’accès aux soins, car les structures de santé locales sont largement non fonctionnelles. Le manque de médicaments, de personnel médical et d’équipements de soins de base est criant. En l’absence d’organisations humanitaires dans certaines zones, la prise en charge des malades devient quasiment impossible.
Les centres de santé restants peinent à répondre aux besoins grandissants des populations déplacées et locales. À Kidal, par exemple, le plateau technique est tellement limité que les cas graves de paludisme ne peuvent être traités efficacement. Cheick Ag Oufene, administrateur d’un centre de santé dans la région, a exprimé son inquiétude face à cette situation qu’il qualifie de « très alarmante ». De son côté, Mahamadou Sangaré, médecin dans la ville d’Aguelhok, confirme que le paludisme cause des ravages depuis le début de la saison des pluies.
Dans ce contexte de crise humanitaire, plusieurs appels ont été lancés pour obtenir un soutien d’urgence. Les efforts de prévention, tels que la distribution de moustiquaires imprégnées et la sensibilisation des populations aux gestes de prévention, sont ralentis par les tensions sécuritaires et les difficultés logistiques. Selon de nombreux spécialistes, la pandémie de Covid-19 a également détourné des ressources vitales, contribuant ainsi au retard dans la mise en œuvre des campagnes de prévention contre les maladies infectieuses
C’est dans ce contexte que des appels à une mobilisation sont lancés pour répondre à cette urgence sanitaire. Des contributions financières ainsi que des dons de matériel médical, de médicaments et de vaccins, sont urgemment nécessaires pour endiguer cette épidémie qui menace des milliers de vies.
MD/Sf/te/APA