Le président Alpha Condé, réélu en 2020 pour un troisième mandat controversé, a été arrêté dimanche 5 septembre par des militaires qui ont annoncé avoir pris le pouvoir.
Dans ce qui ressemble à un coup d’Etat militaire, des tirs nourris ont réveillé, ce dimanche 5 septembre, le quartier du palais présidentiel Sékoutoureya, à Conakry, capitale de la Guinée. Des éléments du Groupement des forces spéciales (GFS), une unité d’élite de l’armée guinéenne, menés par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, ont procédé à l’arrestation du président Alpha Condé, 83 ans dont onze à la tête de la Guinée.
Dans la foulée, les putschistes ont aussi annoncé dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux puis dans une déclaration à la télévision nationale qu’ils dissolvent la constitution ainsi que le gouvernement.
Dans une déclaration diffusée à la mi-journée, le chef des putschistes, entouré de deux militaires et coiffé d’un béret rouge, a justifié ce coup de force par « la situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens » ainsi que « la gabegie financière ».
Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a aussi annoncé la fermeture des frontières. Le pays est désormais dirigé, selon lui, par un « Comité national du rassemblement et du développement, CNRD ».
Ancien légionnaire de l’armée française, le leader des putschistes est rentré en Guinée voici seulement trois ans quand il a été, après une série de stages à l’extérieur débutés dans la foulée de son Intégration dans l’armée de son pays d’origine après la première élection d’Alpha Condé à la tête du pays en 2010, appelé pour prendre la tête du GFS.
Selon des rumeurs tenaces à Conakry, une partie du pouvoir pourtant nourrissait ces derniers mois une méfiance à son égard, alimentée notamment par sa volonté affichée de rendre autonome ce corps d’élite vis-à-vis du ministère de la Défense.
Dans sa déclaration à la mi-journée, l’officier supérieur qui partage avec Alpha Condé l’appartenance au même groupe ethnique des Malinkés a appelé ses « frères d’armes à l’unité », les invitant à rester dans leurs casernes.
Son appel qui intervient au moment où un communiqué du ministère de la Défense affirmait que « la garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, ont contenu la menace et repoussé le groupe d’assaillants», sera-t-il entendu?
Si dans les rangs des partisans du président on espérait encore, dimanche en début d’après-midi, la mise en échec de ce coup de force par les militaires loyalistes, les partisans du principal rival politique d’Alpha Condé ont d’ores et déjà commencé à exprimer leur soutien aux putschistes
Selon des habitants de Conakry, contactés par Apa news, certains quartiers de la capitale et sa banlieue, comme Bambéto, majoritairement habités par des Peuls, l’ethnie de Cellou Dalein Diallo le principal opposant à Alpha Condé, ont été le théâtre dès le début d’après-midi de manifestations de joie et de soutien aux putschistes.
Élu pour la première fois à la tête de la Guinée en 2010, Alpha Condé, était durant de longues décennies contraint à l’exil en raison de sa farouche opposition aux différents régimes qui avaient jusqu’alors dirigé le pays. Réélu en 2015 pour un second mandat qui, selon ses adversaires devait être le dernier, il s’était une nouvelle fois présenté devant les électeurs le 18 octobre 2020 lors d’un scrutin à l’issue duquel Il a été déclaré vainqueur avec près de 60% des voix et…plusieurs dizaines de morts. La révision de la constitution sur la base de laquelle cette élection avait eu lieu n’a jamais été admise par ses opposants. Crédité officiellement d’un peu plus de 33% des voix lors de cette dernière présidentielle, Cellou Dalein Diallo n’a jamais accepté les résultats de ce scrutin dont il s’était d’ailleurs déclaré l’unique vainqueur.
Los/APA