Le projet de loi relatif à l’usage des armes par la Gendarmerie nationale, adopté par l’Assemblée nationale guinéenne, le 25 juin 2019, suscite des réactions au sein de la classe politique et des organisations de défense des droits de l’Homme.
Selon Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG (principal parti d’opposition) également président du groupe parlementaire « Libéral-Démocrate », ce projet est « dangereux ».
« Il y a 103 jeunes enterrés au cimetière de Bambeto depuis l’arrivé d’Alpha Condé au pouvoir. Ces jeunes ont été tués pendant les manifestations, alors qu’une loi, n’autorisait pas l’usage de ces armes. Donc, on ne peut pas arriver là, on a aucune certitude pour autoriser les gendarmes à porter les armes », a-t-il déclaré.
Contrairement à lui, les députés de la mouvance présidentielle, ont adhéré à l’unanimité au projet de loi.
« Avec la montée du banditisme, des braquages, les vols à mains armées, aujourd’hui, nous vivons l’insécurité. Il y a des civils qui sont armés. Il y a l’évolution du terrorisme qui tue au quotidien, avec des djihadistes. Il est important que nous ayons une gendarmerie nationale bien équipée et bien armée au sein des populations, pour pouvoir les défendre », soutient Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle.
Cette nouvelle loi, il faut le noter, inquiète l’organisation guinéenne pour la défense des droits l’homme (OGDH). Son secrétaire général, Me Hamidou Barry, également avocat des victimes du massacre du 28 septembre 2009, ne manque pas de mot pour justifier cette position.
« Cette loi est très dangereuse dans la mesure où, pendant les manifestations, avant son adoption, on enregistrait des morts. Je crois qu’on a trop versé le sang en Guinée, il y a eu trop de violation grave des droits de l’Homme en Guinée, que l’OGDH condamne fermement », a-t-il indiqué, tout en promettant de se battre pour que les droits l’Homme soient respectés. Ceci en saisissant, « les juridictions internationales », confie Me Barry.
Selon le ministre guinéen de la Défense nationale, Dr Mohamed Diané, qui a présenté ce projet de loi devant les députés, cette loi va permettre aux gendarmes d’être juridiquement plus assurés lorsqu’ils ont à faire usage de leurs armes et de les protéger, à l’occasion des procédures pénales, contre ceux qui voudraient se venger de l’autorité publique en s’en prenant aux personnes physiques qui l’incarnent.
« Les dispositions du présent projet de loi renforcent les moyens d’action de ceux qui œuvrent quotidiennement à la sécurité de tous et précisent la nature des situations effectives dans lesquelles les militaires de la Gendarmerie sont amenés à devoir faire usage de leurs armes. Elles traduisent également la volonté d’apporter des règles d’usage correspondant à chacune des situations auxquelles les militaires de la Gendarmerie sont souvent confrontés. L’encadrement de l’usage des armes par les militaires de la Gendarmerie est l’objectif principal visé par cette loi. Ainsi, la légitime défense n’est plus la seule contrainte qui pèse sur les gendarmes lorsqu’ils ont à faire usage de leurs armes », a rassuré Dr Mohamed Diané.
SD/te/APA